Sans cesse, on nous serine
« la laïcité » pour mettre l’expression de la foi sous un
couvercle de béton, c'est-à-dire dans la plus stricte intimité ! A
l’évidence, nombreux sont ceux qui, bien plus qu’athées, sont des militants virulents
dont l’objectif est d’éradiquer toute forme de foi. Les mêmes sont certainement
prêts à se définir comme tolérants, conciliants, ouverts, … Mais ce sont
fondamentalement des intolérants, à l’esprit fermé sur leurs certitudes
idéologiques.
Ils sont pris d’une véritable
phobie (sentiment allant de la
détestation à la haine accompagnée d'une attitude hostile et de rejet)
dès qu’ils entendent de tels mots : religion, foi, messe, chrétien,
catholique, musulman, crèche, Toussaint, Pâques, …
Une institutrice me disait
récemment qu’elle ne devait plus employer le terme de Toussaint, ni celui de
sapin de Noël (à remplacer par " arbre de lumière " !), ni même celui de fève qui fait référence aux rois Mages !
Ont-ils raison de militer ainsi ?
Sont-ils en accord avec les Pères fondateurs de la laïcité en France ? Pour
le savoir, le mieux est d’aller voir le texte de la loi du 9 décembre 1905
concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.
Article 1. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le
libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans
l'intérêt de l'ordre public.
La
loi non seulement n’interdit pas l’exercice des cultes, mais en plus elle en
garantit le libre exercice !
Certes sous certaines conditions,
mais la République ne manifeste pas une sainte horreur des cultes
religieux !!
Article 2. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun
culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation
de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements
et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.
Pourront toutefois être inscrites auxdits
budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à
assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels
que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Les établissements publics du culte sont
supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3.
La
séparation ne se fait pas par rejet et interdiction, mais seulement en coupant
le soutien financier des cultes, quelle que soit la religion.
Il aurait pu en être autrement,
mais cela est acceptable : en effet, les liens financiers peuvent dériver
sous toute forme d’influence et de relations bien peu légales.
Mais, il faut noter trois
éléments importants pour comprendre que l’Etat n’a aucune phobie
religieuse :
-
si l’Etat a nationalisé les édifices religieux construits
avant 1905 (et leurs mobiliers), il en a non seulement accordé la jouissance gratuite
aux religions concernées mais, en plus, il en assure l’entretien du
propriétaire ;
-
l’Etat accorde à toute association conforme à la lettre
de la loi de 1901 des subventions ou avantages lorsqu’elles sont
reconnues d’utilité publique, sans en exclure les associations de fidèles
religieux ;
-
l’Etat supporte les
dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre
exercice des cultes dans les établissements publics !
Ce troisième point est
fondamental pour comprendre l’ouverture d’esprit des Pères fondateurs de cette
loi : lorsqu’il impose à une personne une contrainte de vie, l’Etat non seulement
se charge de lui permettre de pratiquer son culte, mais plus encore il prend en
charge certaines dépenses.
Prenons l’exemple des
armées : fin 2010, il y avait 221 aumôniers
dans les armées (141 catholiques, 33 protestants, 30 musulmans et 17 israélites).
Ils ont un statut militaire et sont rémunérés sur le budget de la Défense. A
bord des navires militaires selon leurs tailles, dans les régiments et les
bases de l’armée de l’Air, il y a des chapelles et des messes y sont dites
régulièrement.
L’Etat soutient la pratique de son culte dans certains
édifices publics (casernes, hôpitaux, prisons, …) par toute personne qui est
contrainte par son statut à résider dans cet édifice.
Article 27.
Les cérémonies, processions et autres
manifestations extérieures d'un culte, sont réglées en conformité de l'article
L2212-2 du code général des collectivités territoriales.
Les sonneries
des cloches seront réglées par arrêté municipal, et, en cas de désaccord entre
le maire et le président ou directeur de l'association cultuelle, par arrêté
préfectoral.
Cet
article montre que ceux qui veulent réduire l’expression de la foi au domaine
privé sont en infraction avec la loi !
L’article 28 a été traité précédemment dans mon blog :
il montre que les restrictions relatives aux signes et emblèmes religieux sont
réelles mais ne couvrent pas le champ complet de l’espace public.
Une
fois de plus, il n’est pas conforme à la loi d’interdire toute présence à
connotation religieuse dans l’espace public. Sinon, il faudrait supprimer du
Louvre probablement les deux tiers des œuvres qui y sont exposées, tant
l’histoire de l’art est liée au religieux !
Il y a quelques autres articles
qui peuvent éclairer certains points particuliers des rapports de l’Etat et des
cultes (associations pour l’exercice des cultes, police des cultes).
Enfin, la plupart des articles
que je n’ai pas mentionnés concernent les règles de transition nécessaires à la
mise en œuvre de cette loi : ils ne sont évidemment plus d’actualité
aujourd’hui.
On
peut donc conclure que la laïcité des Pères fondateurs de cette loi a été
mesurée dans son application, qu’elle ne porte aucun jugement moral sur le fait
religieux, qu’elle le reconnaît et le prend en compte intelligemment et avec un
esprit ouvert.
A l’inverse, certains se servent
de cette loi pour éradiquer le fait religieux de notre société, pour lutter
contre la présence de crèches dans l’espace publique, pour faire disparaître
les termes religieux des agendas (on fête les « Maurice » et non plus
la « Saint Maurice ». On supprime les références aux fêtes
religieuses catholiques des agendas), etc. Ce faisant, ils coupent les Français
de leurs racines historiques, à l’encontre des connaissances psychologiques qui
affirment combien tout être vivant a besoin de ses racines pour se développer
harmonieusement ! Pourquoi protéger les plantes et les animaux avec tant
d’attention et se permettre d’éradiquer des pans entiers de la vie
humaine ?
Cela me rappelle la volonté de
Vincent Peillon « d’arracher
l’élève à tous les déterminismes », dont le déterminisme familial !
Oserait-on faire cela au plus petit des animaux, à la plus petite des
plantes ?
La laïcité a été érigée en France pour que l’on
« rende à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à
Dieu ». Telle est la loi de 1905.
C’est en définitive une loi
du vivre ensemble et non de la lutte fratricide, dont il faudrait réapprendre
les termes et pratiquer l’esprit initial pour une vie paisible en société.