dimanche 28 décembre 2014

La loi de 1905 : une laïcité intelligente et non un laïcisme de combat.

Sans cesse, on nous serine « la laïcité » pour mettre l’expression de la foi sous un couvercle de béton, c'est-à-dire dans la plus stricte intimité ! A l’évidence, nombreux sont ceux qui, bien plus qu’athées, sont des militants virulents dont l’objectif est d’éradiquer toute forme de foi. Les mêmes sont certainement prêts à se définir comme tolérants, conciliants, ouverts, … Mais ce sont fondamentalement des intolérants, à l’esprit fermé sur leurs certitudes idéologiques.

Ils sont pris d’une véritable phobie (sentiment allant de la détestation à la haine accompagnée d'une attitude hostile et de rejet) dès qu’ils entendent de tels mots : religion, foi, messe, chrétien, catholique, musulman, crèche, Toussaint, Pâques, …

Une institutrice me disait récemment qu’elle ne devait plus employer le terme de Toussaint, ni celui de sapin de Noël (à remplacer par " arbre de lumière " !), ni même celui de fève qui fait référence aux rois Mages !

Ont-ils raison de militer ainsi ? Sont-ils en accord avec les Pères fondateurs de la laïcité en France ? Pour le savoir, le mieux est d’aller voir le texte de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat.

Article 1. La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

La loi non seulement n’interdit pas l’exercice des cultes, mais en plus elle en garantit le libre exercice !
Certes sous certaines conditions, mais la République ne manifeste pas une sainte horreur des cultes religieux !!

Article 2. La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes.
Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3.

La séparation ne se fait pas par rejet et interdiction, mais seulement en coupant le soutien financier des cultes, quelle que soit la religion.

Il aurait pu en être autrement, mais cela est acceptable : en effet, les liens financiers peuvent dériver sous toute forme d’influence et de relations bien peu légales.

Mais, il faut noter trois éléments importants pour comprendre que l’Etat n’a aucune phobie religieuse :

-         si l’Etat a nationalisé les édifices religieux construits avant 1905 (et leurs mobiliers), il en a non seulement accordé la jouissance gratuite aux religions concernées mais, en plus, il en assure l’entretien du propriétaire ;
-         l’Etat accorde à toute association conforme à la lettre de la loi de 1901 des subventions ou avantages lorsqu’elles sont reconnues d’utilité publique, sans en exclure les associations de fidèles religieux ;
-         l’Etat supporte les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics !

Ce troisième point est fondamental pour comprendre l’ouverture d’esprit des Pères fondateurs de cette loi : lorsqu’il impose à une personne une contrainte de vie, l’Etat non seulement se charge de lui permettre de pratiquer son culte, mais plus encore il prend en charge certaines dépenses.

Prenons l’exemple des armées : fin 2010, il y avait 221 aumôniers dans les armées (141 catholiques, 33 protestants, 30 musulmans et 17 israélites). Ils ont un statut militaire et sont rémunérés sur le budget de la Défense. A bord des navires militaires selon leurs tailles, dans les régiments et les bases de l’armée de l’Air, il y a des chapelles et des messes y sont dites régulièrement.

L’Etat soutient la pratique de son culte dans certains édifices publics (casernes, hôpitaux, prisons, …) par toute personne qui est contrainte par son statut à résider dans cet édifice.

Article 27. Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d'un culte, sont réglées en conformité de l'article L2212-2 du code général des collectivités territoriales.
Les sonneries des cloches seront réglées par arrêté municipal, et, en cas de désaccord entre le maire et le président ou directeur de l'association cultuelle, par arrêté préfectoral.

Cet article montre que ceux qui veulent réduire l’expression de la foi au domaine privé sont en infraction avec la loi !

L’article 28 a été traité précédemment dans mon blog : il montre que les restrictions relatives aux signes et emblèmes religieux sont réelles mais ne couvrent pas le champ complet de l’espace public.

Une fois de plus, il n’est pas conforme à la loi d’interdire toute présence à connotation religieuse dans l’espace public. Sinon, il faudrait supprimer du Louvre probablement les deux tiers des œuvres qui y sont exposées, tant l’histoire de l’art est liée au religieux !

Il y a quelques autres articles qui peuvent éclairer certains points particuliers des rapports de l’Etat et des cultes (associations pour l’exercice des cultes, police des cultes).

Enfin, la plupart des articles que je n’ai pas mentionnés concernent les règles de transition nécessaires à la mise en œuvre de cette loi : ils ne sont évidemment plus d’actualité aujourd’hui.

On peut donc conclure que la laïcité des Pères fondateurs de cette loi a été mesurée dans son application, qu’elle ne porte aucun jugement moral sur le fait religieux, qu’elle le reconnaît et le prend en compte intelligemment et avec un esprit ouvert.

A l’inverse, certains se servent de cette loi pour éradiquer le fait religieux de notre société, pour lutter contre la présence de crèches dans l’espace publique, pour faire disparaître les termes religieux des agendas (on fête les « Maurice » et non plus la « Saint Maurice ». On supprime les références aux fêtes religieuses catholiques des agendas), etc. Ce faisant, ils coupent les Français de leurs racines historiques, à l’encontre des connaissances psychologiques qui affirment combien tout être vivant a besoin de ses racines pour se développer harmonieusement ! Pourquoi protéger les plantes et les animaux avec tant d’attention et se permettre d’éradiquer des pans entiers de la vie humaine ?

Cela me rappelle la volonté de Vincent Peillon « d’arracher l’élève à tous les déterminismes », dont le déterminisme familial ! Oserait-on faire cela au plus petit des animaux, à la plus petite des plantes ?


La laïcité a été érigée en France pour que l’on « rende à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Telle est la loi de 1905. 

C’est en définitive une loi du vivre ensemble et non de la lutte fratricide, dont il faudrait réapprendre les termes et pratiquer l’esprit initial pour une vie paisible en société.

samedi 27 décembre 2014

Crèche et laïcité : un argumentaire.

Décembre 2014, le tribunal administratif de Nantes a jugé la présence d’une crèche de noël dans le Conseil général de Vendée - instaurée depuis plusieurs années - « incompatible avec la neutralité du service public ».

Mais que dit la loi de 1905 ? Il faut aller voir son article 28 pour trouver un élément de réponse : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ». C’est tout !

Une lecture rapide semble confirmer la justesse du tribunal administratif. Mais, il est nécessaire d’en étudier tous les mots pour être certain de cette justesse.

La crèche est-elle un signe ?

Pour le Larousse, un signe est :

-         ce qui permet de connaître ou de reconnaître, de deviner ou de prévoir quelque chose (« Il n'y a aucun signe d'amélioration » ; « Quand les hirondelles volent bas, c'est signe de pluie »). Ce que n’est pas une crèche ;
-         un geste ou une mimique permettant de faire connaître une pensée ou de manifester un désir, un ordre (« Faire un signe de la tête »). Ce que n’est pas une crèche ;
-         une marque distinctive faite sur quelque chose (« Marquer d'un signe les arbres à abattre »). Ce que n’est pas une crèche ;
-         une représentation matérielle d'une chose, dessin, figure ou son ayant un caractère conventionnel (« Signes de ponctuation »). Ce que n’est pas une crèche ;
-         un phénomène extraordinaire, miracle, dans le domaine surnaturel, religieux. Ce que n’est pas une crèche.

A l’évidence, une crèche n’est pas un signe !

La crèche est-elle un emblème ?

Pour le Larousse, un emblème est :

-         un signe conventionnel à valeur symbolique, parfois accompagné d'une légende en forme de sentence. Ce que n’est pas une crèche ;
-         un être ou objet symbole d'une qualité, d'une chose abstraite (« La colombe est l'emblème de la paix »). Ce que n’est pas une crèche ;
-         un attribut destiné à représenter une autorité, une personne, une collectivité. Ou un insigne (« Les emblèmes de la royauté »). Ce que n’est pas une crèche.

A l’évidence, la crèche n’est pas un emblème !

A ce niveau d’étude de l’article 28, on voit d’ores et déjà que la crèche ne rentre pas dans les interdits de la loi de 1905.

La crèche est-elle « élevée » sur un monument public ou en quelque emplacement public que ce soit ?

Pour le Larousse, « élever » veut dire :

-         mettre, placer, porter quelque chose plus haut ; hisser, soulever (« Élever des blocs de pierre avec une machine »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche ;
-         de manière littéraire, tenir quelque chose dressé vers le haut (« Cyprès qui élèvent leurs cimes »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche ;
-         placer quelque chose verticalement par rapport au sol ; dresser, ériger (« Élever un mât de cocagne ») ;
-         bâtir, construire (« Élever un monument ») ;
-         de manière littéraire, fonder, établir (« Élever une théorie »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche ;
-         émettre une objection, un doute, une protestation, etc. Ce qui n’est pas le cas pour une crèche;
-         augmenter (de tant) une valeur, un niveau (« Les pluies ont élevé le niveau du fleuve de 50 centimètres »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche ;
-         porter à un rang supérieur dans un ordre social, moral ou intellectuel (« Elever quelqu'un à la dignité de professeur émérite ». « Élever le débat »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche.

Seuls les troisième et quatrième sens peuvent s’envisager pour une crèche.
Cependant, la crèche n’est pas placée verticalement par rapport au sol, mais elle prend une place bien plus horizontale que verticale.
Si on peut la considérer comme bâtie ou construite, c’est de manière extensive par rapport au sens premier de ces termes car elle n’est que montée avant d’être démontée !

Une crèche, à l’évidence, n’est pas « élevée ».

Quoiqu’il en soit, comme elle n’est ni un signe ni un symbole, rien n’interdirait de « l’élever » en un emplacement public.

La crèche est-elle « apposée » sur un monument public ou en quelque emplacement public que ce soit ?

Pour le Larousse, « apposer » veut dire :

-         appliquer quelque chose sur quelque chose (« Apposer une affiche sur un mur »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche ;
-         inscrire une signature, une marque, etc., sur un document (« Apposer un visa sur un passeport »). Ce qui n’est pas le cas pour une crèche.

Une crèche, à l’évidence, n’est pas « apposée » sur un monument public ou en quelque emplacement public que ce soit.

Une crèche ne devrait donc pas être interdite à l’intérieur d’un monument public ou dans un emplacement public.



mercredi 26 novembre 2014

La prononciation au service de l'oecuménisme !

Jusque là, entre catholiques, protestants et orthodoxes, on se jetait plutôt des œufs à la tête. C'est, probablement, de là que provient la prononciation usuelle de ce mot : eucuménisme, avec un "eu" comme dans "œuf" !

Mais aujourd'hui où nous prions et œuvrons pour que l’œcuménisme soit le signe d'un lien plus étroit entre religions, il serait bon que ce mot devienne le symbole de l'union entre catholiques et protestants et orthodoxes : en le prononçant écuménisme, comme le souhaite la linguistique. Alors cela nous aidera à faire un grand pas vers l'unité !

Consultez vos dictionnaires aux mots œcuménisme, Œdipe, œnologie, œsophage ... vous verrez que la phonétique indique que le "œ" doit se prononcer "é". L'explication se trouve naturellement dans les mots grecs dont ils sont issus et qui commencent par "oi" (oi) et que la tradition linguistique a toujours prononcé "é" : oikumenh (oecuménisme), Oidipos (Oedipe), oinologos (oenologie) et oisofagos (oesophage). Il en est d'ailleurs de même de la prononciation de foetus (lire fétus) bien que la raison étymologique soit différente.

Mais, allez-vous me dire, on prononce bien œuf, bœuf ... Oui, mais là l'étymologie est différente : l'ensemble "oeu" vient en effet du latin "ov" qui a toujours été prononcé "e". Ainsi, œuf vient de ovus et bœuf de bovem.


Alors, progressons vers l'unité des chrétiens en concordance phonétique !


NB : j'avais appris cela en cours de grec en 4ème ! Notre professeur de grec nous avait tous repris, nous demandant de prononcer Œdipe de cette manière : "édipe". Je n'ai jamais oublié cette leçon et je suis souvent retourné vers le Larousse pour vérifier qu'il en était toujours ainsi car, lorsque j'en fais la remarque, on me prend pour un illuminé (j'aimerais bien !).
On va me dire que trop de monde prononcent ces mots avec un "eu" et que ce serait chose impossible de renverser les usages. C'est étonnant car nous sommes à une époque où l'on fait tout ce que l'on peut pour sauvegarder des espèces en voie de disparition : on estime que cette protection de la nature est essentielle. Mais essentielle à quoi puisque tant d'espèces ont disparu après des catastrophes naturelles ?
Je serais heureux que l'on conserve les traces de notre vocabulaire et de sa prononciation : elles nous relient au passé, à nos racines, et cela a du sens de se conformer à une bonne raison (ici l'étymologie) plutôt qu'à une ignorance !

jeudi 4 septembre 2014

L’affaire « Eglise - Galilée » à l’éclairage de l’époque moderne (2/2)

3 – Alors, l’Eglise et Galilée ?

Tout le monde le sait : l’Eglise a condamné Galilée pour avoir affirmé que la Terre tournait autour du Soleil, et non l’inverse comme on le croyait à l’époque. Mais tout le monde ne sait pas comment cette affaire s’est passée exactement.

Tout d’abord, à cette époque, la plupart des grands penseurs croyaient au géocentrisme (le Soleil tourne autour de la Terre). Donc, l’Eglise n’a pas eu le monopole d’une difficulté à faire évoluer sa mentalité.

Néanmoins, quelques années plus tôt, c’était au pape Paul III que Nicolas Copernic avait dédié, vers 1540, son ouvrage le plus célèbre, "De la révolution des corps célestes", où il faisait un excellent exposé de l’héliocentrisme (la Terre tourne autour du Soleil). Et Johannes Keppler avait publié, dix ans avant Galilée, un ouvrage sur l’héliocentrisme, où il développait les thèses de Copernic. Donc, Galilée n’a pas été le découvreur de l’héliocentrisme et l’Eglise n’était pas figée unanimement dans une fausse croyance.

Galilée aurait pu, sans courir de trop grands risques, proposer l’héliocentrisme comme une théorie ou une méthode apte à expliquer de manière plus simple le mouvement des planètes. Ses difficultés surgirent dès lors qu’il cessa de le proposer comme une simple théorie scientifique et commença à le proclamer comme vérité, bien qu’à l’époque il n’en existait aucune preuve probante (il faut insister sur ce point particulier : Galilée n’a pas su prouver entièrement l’héliocentrisme).

Néanmoins, Galilée ne se serait pas attiré autant d’ennuis s’il s’était cantonné dans le domaine scientifique. La querelle est venue du fait qu’il avait transporté cette question dans celui de la théologie, proclamant que cette théorie était contraire à certains passages de la Bible. L’Eglise n’apprécia pas que Galilée se porte sur ce terrain qui n’était pas le sien, d’autant plus qu’en 1616, année du premier procès de Galilée, l’Eglise venait tout juste de sortir de l’épreuve de la Réforme, et que l’un des sujets de controverse avec les protestants concernait précisément l’interprétation individuelle de la Bible[1]. Les théologiens n’étaient donc pas disposés à prendre en compte la théorie héliocentrique fondée sur l’interprétation d’un laïc : l’époque ne s’y prêtait pas ! Pourtant Galilée s’est entêté à porter le débat sur le plan théologique. Il ne fait aucun doute que, s’il s’était cantonné au domaine purement scientifique, la question ne se serait pas enflammée au même point.

De plus, tout au long de cette affaire, Galilée a fait plusieurs erreurs de comportement qui ont renforcé la querelle. En voici deux exemples :
-   le pape Urbain VIII, qui apprécie Galilée, ne veut pas qu'il fasse figurer dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde des arguments trop peu convaincants notamment à propos de sa théorie sur les marées, conseil dont Galilée ne tiendra pas compte ;
-   Galilée, qui veut écraser ses adversaires, publie son dialogue en demandant l'imprimatur, c'est-à-dire l'approbation de l'Église. Il piège Mgr Riccardi, maître du Sacré Palais, qui avait la mission d'inspecter le dialogue. En effet, lors de l'inspection, Mgr Riccardi n'a connaissance que de la préface et de la conclusion dans lesquelles Galilée ne dévoile pas ses vraies intentions.

La condamnation de Galilée est immédiatement commuée par le Pape en résidence surveillée. Le scientifique n'est donc jamais allé en prison et continua même à percevoir les revenus de deux bénéfices ecclésiastiques que le souverain pontife lui avait octroyé. La deuxième sanction : la récitation des psaumes de la pénitence une fois par semaine pendant un an, sera effectuée par sa fille religieuse carmélite.
Comme le remarque le célèbre scientifique et philosophe, Alfred North Whitehead (1861 – 1947), à une époque où de nombreuses « sorcières » furent soumises à la torture et au bûcher par les protestants en Nouvelle-Angleterre, « la pire des choses qui pouvait arriver à des hommes de science comme Galilée, était de purger une peine honorable d’assignation à domicile assujettie d’un léger blâme ».

Le pape Benoît XIV autorisa les ouvrages sur l’héliocentrisme dans la première moitié du XVIIIème siècle.

L’Eglise a donc bien condamné Galilée à tort. Mais, la condamnation a été légère (assignation à domicile, dans un grand confort et de courte durée), et elle portait sur les conséquences théologiques que voulaient en tirer Galilée.

N’oublions pas enfin que l’Eglise a de très longue date été proche des scientifiques et qu’aujourd’hui encore elle a son propre observatoire astronomique au Vatican où y exercent des sommités scientifiques. Par exemple, le père du Bing bang est le chanoine catholique belge Georges Lemaître.



[1] Notons que beaucoup de protestants (dont Luther) rejetaient également l’héliocentrisme.

L’affaire « Eglise - Galilée » à l’éclairage de l’époque moderne (1/2)

Cette question n’est pas d’actualité médiatique. Je l’aborde parce que, à la suite de plusieurs lectures d’aujourd’hui, je la trouve éclairée de manière différente de la version officielle et largement répandue. Pour ceux qui se disent catholiques, cela pourrait leur permettre d’avoir moins de complexes sur cette question. Pour les autres, cela pourrait leur permettre d’atténuer leur vision négative de l’Eglise !


1/ Puisé dans « E=mc², la biographie de la plus célèbre équation du monde »[1]

Vers la fin du XVIIème siècle, se posait une question scientifique : pourquoi Io, lune de Jupiter censée orbiter autour de sa planète en 42,5 heures, ne respectait pas sagement son horaire ? Beaucoup pensaient que Io était mal équilibrée et qu’elle oscillait sur son orbite. D’autres se demandaient si des nuages ou d’autres perturbations autour de Jupiter pouvaient fausser les observations.
Römer, jeune scientifique danois, se demandait, lui, si cela ne venait pas du fait que la lumière mette du temps à nous parvenir de la lointaine Jupiter. Mais c’était une idée insensée pour cette époque où l’on croyait que la vitesse de la lumière était infinie.
Pour vérifier son hypothèse, il proposa une expérience ayant pour but de prouver que Io, après avoir été masquée par sa planète, ne réapparaîtrait le 9 novembre 1676 qu’à 17h37 exactement, et non 17h27 selon l’hypothèse d’une vitesse infinie de la lumière. Io réapparut à 17h37mn49s !!

Et pourtant, les astronomes européens se refusèrent à admettre que la lumière voyageait à une vitesse finie. Ce n’est que 50 ans plus tard que de nouvelles expériences convainquirent les astronomes que Römer avait eu raison.

2/ Puisé dans « Les indices pensables »[2].

Pasteur a mis fin à la croyance en la génération spontanée en 1861, mais cela n’a pas empêché Darwin de continuer à y croire, comme il l’écrivait à son ami Joseph Hooker en 1871, à peine 10 ans après la démonstration de Pasteur : « La vie est apparue dans un petit étang chaud, dans lequel il y avait un riche bouillon de produits chimiques organiques, à partir desquels s'est formé le premier organisme primitif à la suite d'une longue période d'incubation durant les temps géologiques ».

Plus fort encore : beaucoup de scientifiques continuent à dire que la vie est née de la matière inerte par génération spontanée. Pour cela, disent-ils, il faut 5 conditions : de l’eau, de l’oxygène, de la lumière, une bonne température et une bonne pression. Or, nous savons aujourd’hui que ces conditions sont nécessaires mais pas suffisantes.

En effet, la vie a un code génétique que n’a pas la matière, code constitué d’un alphabet comprenant 4 lettres (quatre molécules). Mais il faut aussi un second langage pour que puisse apparaître la vie, celui de protéines composé de 20 acides aminés qui en sont les mots. Enfin, ces deux langages ne peuvent communiquer entre eux : il leur faut un traducteur qui leur permet d’agir de concert. Ce traducteur a été découvert il y a dix ans : ainsi dans chacune de nos cellules, les instructions de l’ADN sont-elles traduites dans le langage de protéines pour que, sur les chaînes de montage (les ribosomes), soient construites les protéines dont j’ai besoin pour vivre.

On pourrait suspecter cette présentation sous forme de langages et d’alphabets d’être un artifice destiné à influencer le lecteur. Mais, vous pouvez vérifier vous-mêmes cela car le prix Nobel de chimie a été décerné en octobre 2009 à trois chercheurs qui ont travaillé sur ce sujet dont l’intitulé est vérifiable sur internet : « Comment fonctionne le traducteur entre les deux langages, celui de l’ADN et celui des protéines ? »

Or, pour inventer et mettre en place un système intelligent (ce que sont ces alphabets), l’expérience nous enseigne qu’il faut de l’intelligence, ce que n’a pas la matière.
Ainsi la découverte de ce système génial relance le vieux débat entre Aristote et Démocrite : « Les atomes sont-ils capables de s’organiser tous seuls, sans aucune instruction intelligente, pour créer des tulipes, des hamsters, des êtres humains ? ». Autrement dit, plus les progrès des sciences avancent, plus  les conditions nécessaires à l’apparition de la vie se révèlent exiger de l’intelligence et même du génie.

Mais ces découvertes continuent à être passées sous silence par de nombreux scientifiques : on continue toujours à enseigner que la vie est née quelque part de la matière inanimée. On laisse entendre que toute trace d’eau sur Mars, ou sur toute autre astre, serait une preuve que la vie y a peut-être existé. Moi-même, j’ai assisté à une conférence d’un scientifique il y a un an qui démontrait qu’il avait pu mettre en évidence l’apparition de la vie quelque part sur Terre, à partir d’un bouillonnement particulier de matière au fond des océans. 150 ans après Pasteur !

Ces deux exemples, parmi beaucoup d’autres, montrent qu’il n’y a pas que l’Eglise qui puisse ne pas croire à une vérité scientifique, puisque même des scientifiques ont des blocages intellectuels !



[1] David Bodanis, Ed. Plon
[2] Brunor, Ed. Jubilé.

samedi 23 août 2014

Cartable rose, cartable bleu : le "genre", ça suffit !

1/ Le « gender » vit encore et continue son combat !
La secrétaire d’État à la Famille, Laurence Rossignol, n’a pas pu se retenir au vu des couleurs des cartables proposés aux élèves dans les grandes surfaces et a twitté : « Le concept du cartable pour fille ou pour garçon. Bien rose, bien nunuche pour les filles. Y a encore du taf… ».

Au secours ! Le « gender » revient en force, alors qu’on nous fait croire que « l’ABCD de l’égalité » ne sera pas enseigné à l’école : mensonge très probable, ou pour le moins vérité masquée.

2/ Le « genre », une idéologie, non une science.
La notion de " genre " n'est pas scientifique. En effet, la science part de la réalité, du vivant : elle l’observe puis en déduit des lois ou des systèmes de compréhension de l’univers. L’idéologie du genre fait le chemin inverse : elle part d’une idée, puis y fait entrer la réalité, en la forçant si nécessaire. Or, l’homme est capable de concevoir n’importe quelle idée, aussi aberrante soit-elle (comme celle du « genre »).
Pour synthétiser, l’idéologie du genre dit « Je pense, donc je sais », la science dit « J’observe, donc je comprends » : la science recherche la vérité à partir du réel et n’essaie pas d’en construire une de manière intellectuelle.

3/ Egalité homme / femme 
Il n’y a aucun doute sur l’égalité de l’homme et de la femme : ils sont vraiment égaux par nature. Encore, faut-il savoir pourquoi ils sont égaux et de quelle égalité il s’agit.

Ils sont égaux parce qu’ils sont de la même nature humaine : chaque enfant, garçon ou fille, est né de deux parents – père et mère – sans distinction dans leur conception. Ceci suffit à affirmer qu’ils sont égaux, mais c’est insuffisant pour déterminer en quoi ils sont égaux car ils sont, de fait, différents.

Le christianisme dit la même chose : « l’homme et la femme sont égaux ». Mais il ajoute l’explication suivante : ils sont égaux car Dieu les fit « homme et femme à son image ». Leur égalité est d’être tous les deux « image de Dieu » : leur égalité est celle d’une égale dignité car être « à l’image de Dieu » ou être « enfant de Dieu » est bien une dignité, suprême qui plus est. Mais, le christianisme reconnaît qu’ils sont différents et ne cherche pas, par idéologie, à gommer ces différences.
Leur égalité, qui a pour source leur dignité d’êtres humains, est vraie pour tout ce qui touche à leur nature profonde : en cela, ils méritent un même respect. Donc, toute égalité qui relève de ce même respect est complètement justifiée : par exemple, même droit de vote ou même salaire pour un même travail.

Mais, chaque fois qu’il y a une différence due à leur nature, l’égalité stricte - quasi mathématique – n’est plus justifiée. Il est alors nécessaire de tenir compte des grands traits de caractères qui les différencient, sans imposer une obligation d’identité strictement égale.
Par exemple, le caractère de la femme est par nature plus porté à la douceur et à la tendresse, celui de l’homme à la réserve et à la rudesse, voire à la combativité : vouloir forcer les hommes à adopter des comportements féminins les blessera inéluctablement, même s’il est bon d’apprendre aux hommes à mieux exprimer leurs sentiments ou à plus communiquer. Vouloir forcer les garçons et les filles à avoir des cartables de la couleur qui ne leur convient pas est un début de tyrannie : qu’est-ce que cela peut faire que les garçons préfèrent le bleu au rose ! Qu’est-ce que cela peut faire que les garçons préfèrent les voitures aux poupées !
Observer que les garçons en cours de récréation utilisent toute la cours pour leurs jeux dynamiques et que les filles restent plutôt sagement en un lieu à parler ou à jouer à des jeux calmes ne doit pas conduire à imposer aux garçons d’alterner les jeux et les surfaces de jeux avec les filles, contrairement à leurs besoins physiologiques naturels : le faire est une véritable tyrannie.

4/ De « l’égalité-bonne idée » à l’ineptie, puis à la tyrannie
L’égalité promue par les tenants du « genre », lorsqu’elle dépasse les questions de respect des personnes, aboutit à des inepties (faire jouer des filles à des jeux qui ne les attirent pas) qui, répétées, deviennent des tyrannies.


Un homme – heureux d’être un homme – avec une épouse – heureuse d’être une femme – qui vivent heureux dans leurs complémentarités et leurs différences : entre eux, ils ne recherchent pas l’égalité mais l’accomplissement de l’autre dans ce qu’il est. Cela n’empêche pas chacun de prendre sa part aux tâches de la vie familiale sans pour autant rechercher une égalité stricte qui ne rendrait plus compte de la nature propre de chacun et qui conduirait à remplacer, dans ce partage des tâches, l’amour par la comptabilité.

lundi 28 juillet 2014

Référendum national concernant l'école

Vous le savez, j'ai écrit un livre sur l'école : " Un peu de bon sens à l'école ! ... Ou l'école efficace sans dépenser un sou ".

Ce livre apporte un certain nombre de propositions aux parents, aux enseignants et au ministère pour améliorer l'efficacité de la scolarité des enfants ... sans qu'il soit besoin d'y injecter encore plus d'argent. Il est fondé sur mon expérience directe de cours particuliers depuis dix ans. Une conseillère générale, à qui j'expliquais mon parcours et mon livre, me disait que j'étais pour elle un " expert d'usage ", et qu'elle préférait ce type d'expert à ceux dont c'est le métier ... et qui en arrivent à des déviations due à la renommée, à l'obligation de proposer toujours des idées nouvelles, etc.

Le ministre actuel de l'Education nationale et son ministère continuent de prendre des mesures qui accroîtront encore plus l'inefficacité de l'école. Ils accumulent ce que je me permets d'appeler des gadgets, à savoir, par exemple, le développement du numérique à l'école, ou l'éducation à une égalité entre garçons et filles qui n'est en fait que le programme inadmissible de " L'ABCD de l'égalité ", lui-même issu de la fausse théorie du genre, qui n'est tout simplement qu'une idéologie pernicieuse.

Ce qui est dommage, c'est que les programmes, de l'école primaire au bac, sont bien construits . L'école primaire apporte le socle nécessaire de savoirs (lire, écrire, compter) pour pouvoir ensuite aller plus loin. Le collège engrange de nombreux savoirs utiles pour fonder une bonne culture générale, celle de l'honnête homme du XVIIème siècle. Enfin, le lycée, surtout à partir de la 1ère, apprend à raisonner, argumenter et démontrer, dans toutes les matières : le développement de l'intelligence permet alors le passage à l'âge adulte, celui de l'autonomie de décision et d'analyse. En quelque sorte, le primaire et le collège apportent un limon support d'une terre riche et fertile que la 1ère et la Terminale permettent d'exploiter intelligemment !

L'insertion du numérique dans ce cursus - qui conduit le cerveau à maturité sur toutes ces années - vient annihiler une grande partie de la pertinence de la scolarité : le numérique vient court-circuiter le développement de l'intelligence. Prenons un exemple concret, celui de l'apprentissage de la fonction mathématique " logarithme ". Jusqu'à il y a quelques années, en l'absence de calculettes assez puissantes pour cela, les élèves apprenaient à analyser complètement cette fonction par eux-mêmes. Aujourd'hui, je vois les élèves en Terminale ES utiliser leur calculette : ils savent bien appuyer sur toutes les touches nécessaires pour obtenir la courbe de la fonction qui leur est donnée en problème, mais ils ne savent pas ce que fait la calculette elle-même : donc, ils ne maîtrisent pas l'analyse de cette fonction. Je les vois taper sur leur calculette : " Tac tac tic ... tic tic tac " et, Ö merveille, la courbe est bien tracée. Un singe serait capable de faire cela, avec un peu de patience : voilà à quoi aboutit cette méthode ! Ce transfert de connaissances vers le numérique est désastreux pour le développement intellectuel des élèves.

Pendant longtemps, l'école a été nommée " Instruction publique ". Cette dénomination la mettait à sa juste place : celle d'instruire. Depuis que l'école s'appelle " Education nationale ", non seulement l'école se donne des obligations complémentaires, mais en plus dessaisit les parents de leur rôle d'éducateurs. Mais il y a pire quand l'école se met à vouloir, sous couvert d'éducation, modifier le bon fond de l'éducation séculaire. Ainsi, l'Education nationale veut amener les élèves à imaginer qu'ils peuvent avoir une autre sexualité que celle que la nature leur a donnée. Comme le disait le ministre précédent de l'Education nationale, l'objectif est d'arracher les enfants aux déterminismes de l'éducation de leurs parents. Il y a là un totalitarisme d'Etat insupportable et inadmissible : nous sommes en droit de dire au Gouvernement " De quoi je me mêle ! ".

C'est pourquoi, je vous propose de participer au " référendum national " lancé par SOS Education. Je suis cette association depuis deux ans et j'y trouve toutes les idées que j'expose et défends : pour moi, c'est une excellente association que vous pouvez découvrir sur son site http://www.soseducation.org/association.php. Son référendum a pour objectif de montrer au gouvernement, aux parlementaires et aux médias que des centaines de milliers de personnes en France veulent d'urgence une profonde réforme de l'école et de l'éducation des enfants. Vous pouvez trouver ce référendum par ce lien : http://www.soseducation.org/_sites_annexes/referendum/.

Je ne sais si ce référendum sera efficace, mais il importe d'agir : les médias modernes nous le permettent, à nous de les utiliser !!

vendredi 27 juin 2014

Une notation juste et en vérité, c'est déjà une oeuvre d'éducation !

A partir de mon livre : " Un peu de bon sens à l'école ... Ou l'école efficace sans dépenser un sou ! ".

Depuis longtemps, des pédagogues en mal de « psychologisme » déclarent qu’il ne faut pas noter car cela « stigmatise » les élèves, les « frustre », et maintient une pratique « discriminatoire » entre ceux qui ont un milieu familial favorable et les autres.

Mais, sans notation, l’élève n’a plus de référence sur la qualité de son travail et de ses efforts : or, en toute chose et à toute étape de notre vie, nous avons besoin de points de repères fixes et solides. Sans notation, l’élève est maintenu dans une bulle irréelle de relations humaines car il risque de finir par croire que son individualité (ses connaissances, ses savoirs, sa manière de travailler, …) est détachable de toute autre réalité humaine et qu’il est sa propre référence.

Par ailleurs, la vie est concurrence, choix, sélection : la notation prépare les élèves à cette compétition habituelle. La compétition peut être considérée comme néfaste lorsqu’elle épuise les forces des uns et des autres, et lorsqu’elle laisse les plus faibles en chemin. Mais, la compétition est également une source de motivation personnelle, une invitation à aller plus loin, à se dépasser. Il suffit de regarder combien les enfants aiment se mesurer entre eux dans des activités sportives ou dans des jeux pour comprendre qu’ils n’ont pas peur de s’étalonner et de voir leurs efforts sanctionnés plus ou moins négativement : même leurs jeux électroniques, qu’ils prisent tant, affichent toujours des scores à battre ! A l’école, il suffit que la compétition soit saine, c'est-à-dire qu’elle ne laisse personne en chemin et qu’elle permette aux élèves en difficulté de rattraper leur retard.

Penser que l’école n’a pas à faire subir de frustration aux enfants revient à  leur faire croire que tout peut leur être accessible facilement et que rien ne doit leur résister : c’est à coup sûr en faire des frustrés à vie ! Ne faisons pas des élèves des Hans de Schnockeloch dont la chanson dit : « Tout ce qu’il veut, il ne l’a pas. Tout ce qu’il a, il n’en veut pas » !
C'est le risque du bac actuel qui, l'an passé par exemple, a été obtenu par 92% des S. Depuis 2006, cette consigne est écrite dans les épreuves de mathématiques : « Le candidat est invité à faire figurer sur la copie toute trace de recherche, même incomplète ou infructueuse, qu’il aura développée ». Oubliée la rigueur ancienne qui tenait compte et de la démonstration et du résultat, à la condition que l’une et l’autre soient correctes ! On comprend bien que cela permet d'obtenir les pourcentages élevés de réussite au bac recherchés par le ministère, quelle que soient la qualité des copies. 
J’imagine que cet esprit initié par l’Education nationale va se propager dans la société. Un jour peut-être, on acceptera une maison construite par un maçon incertain, mais qui pourra justifier par « toute trace de recherche, même incomplète ou infructueuse » de la qualité de son travail !

Il ne faut évidemment pas frustrer les élèves par principe et stupidement : une mauvaise note peut être frustrante mais, si elle est donnée avec justice, elle montrera en vérité à l’élève quel est son niveau réel de connaissances. Il aura à affronter la vérité qui le concerne, quoi de plus éducatif !

J’aime à citer le titre d’un livre qui colle bien à la réalité de notre société : « Cessez d’être gentils, soyez vrais »[1] ! Je le constate au quotidien auprès des jeunes managers : ils espèrent pouvoir manager en étant « gentils » et ainsi s’affranchir des difficultés relationnelles ! Il y a là une utopie que l’entreprise a vite fait de démonter, non parce que l’entreprise est brutale et inhumaine, mais parce qu’elle met chacun en face de ses responsabilités, tout simplement !

A l’école aussi ce principe a ses vertus et l’on peut dire à ceux qui craignent de frustrer les élèves : cessez d’être gentils, de ne pas noter, de ne pas frustrer, de materner, de protéger ! Mais soyez vrais : les enfants savent bien ce qu’ils méritent ou ne méritent pas, la seule chose qui leur importe vraiment est que ce qui les concerne le soit en toute justice, même si cela doit leur être désagréable.

Noter en toute justice est une oeuvre d'éducation : éducation à la justice.
Noter en toute vérité est une oeuvre d'éducation : éducation à la vérité. 
Suivre Benoît Hamon dans sa proposition " d'évaluation bienveillante ", c'est déjà commencer à mentir, à falsifier la vérité.

La question posée par la notation aujourd'hui n'est pas celle de l'impact qu'elle a sur les élèves.
C'est celle de l'échec de la scolarité en général : l'école manque d'efficacité, c'est sur ce point que le ministre devrait se pencher !




[1] Thomas d’Ansembourg, les Editions de l’Homme.

Des prénoms et de l'individualisme

Aujourd’hui, 27 juin 2014, l’Eglise nous invite à lire ce texte tiré de l’Evangile selon saint Luc (Lc 1, 57 – 63) :
« Cependant, le jour où Elisabeth devait enfanter arriva, et elle mit au monde un fils […]. Or le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l’enfant. On voulait l’appeler Zacharie, du nom de son père ; mais sa mère, prenant la parole, dit : « Non, il s’appellera Jean ». On lui dit alors : « Mais il n’y a personne de ta parenté qui porte ce nom ! ». Et on demanda par signe au père comment il voulait qu’on l’appelât. Celui-ci se fit donner une tablette et écrivit : « Jean est son nom » ; et ils en furent tous étonnés ».

De tous temps et dans beaucoup de cultures, les prénoms se transmettent dans les familles : un lien se tisse ainsi entre les générations, par un désir conscient de chacun, comme si les parents disaient : « Mon enfant, ta présence sur terre est l’aboutissement d’une longue histoire qu’il est bon que tu gardes en mémoire ; tu n’es pas un être isolé, souviens-toi toujours de ceux qui t’ont précédé et par qui tu es là ! ». Chaque génération est rattachée étroitement à la précédente, la porte dans sa mémoire jusque dans les prénoms. Chaque génération est ainsi conduite à reconnaître ce qu’elle doit aux précédentes et à vivre dans une relation étroite avec elles.

A l’ère chrétienne qu’inaugurent Elisabeth et Zacharie, une ouverture s’est faite : on donna aux enfants le prénom d’un saint, choisi par les parents, qui deviendra le saint patron de l’enfant. Souvent d’ailleurs, ces prénoms se transmettaient dans les familles de génération en génération : c’était le cas du fils aîné à qui l’on donnait couramment le nom du père. C’était comme si les parents disaient : « Mon enfant, ta présence sur terre est l’aboutissement d’une longue histoire qu’il est bon que tu gardes en mémoire ; tu n’es pas un être isolé, souviens-toi toujours de ceux qui t’ont précédé dans la foi et par qui cette foi t’est transmise ! ». Ainsi, chaque personne chrétienne s’inscrivait dans la large succession de la famille chrétienne. Chaque génération était conduite à se reconnaître comme faisant partie de cette famille chrétienne à travers les âges.

Aujourd’hui, ces règles ne sont presque plus appliquées : le choix des prénoms s’est très largement ouvert avec, même, des inventions de prénoms ! En effet, beaucoup choisissent un prénom pour son originalité ou, au contraire, selon l’air du temps et la mode, car on observe bien une mode des prénoms. On sent, à travers cette évolution, comme un vent de liberté qui souffle sur notre société : faire ce que je désire, sans lien imposé par la tradition familiale ; choisir le prénom qui me plaît, sans contrainte. Ce désir de liberté est une belle chose car il est bon que chaque personne puisse vivre de manière libre. C’est d’ailleurs bien cette liberté à laquelle aspirent les adolescents qui ont hâte de « larguer les amarres » et « d’avancer en eaux profondes » !

En choisissant ainsi des prénoms en rupture avec l’histoire familiale, les parents semblent donner déjà, dès la naissance, ce goût de la liberté à leur enfant : « Va, va où tu désires, ne t’encombre pas de traditions familiales, ne te sens pas lié au passé, aux générations précédentes : fais ta vie ! ».

On peut s’interroger, néanmoins, sur la perte de ces traditions : ne représente-elle qu’une liberté gagnée ? Ne diminue-t-elle pas, de manière inconsciente, le lien de solidarité entre les générations ? En effet, notre société a évolué au cours des dernières décennies vers un très fort individualisme et l’on voit que cette évolution se concrétise à travers cette manière de choisir les prénoms : l’enfant est ainsi invité à n’avoir pas de lien familial. Son prénom ne le rend en rien redevable des générations précédentes. Mais à l’inverse, cet enfant risque de connaître la solitude d’un être si libre qu’il n’a plus de lien avec personne : or, l’homme ne peut être un loup solitaire car, par nature, il est fait pour vivre avec les autres, comme sa capacité innée à parler le prouve.


Le lien avec les générations précédentes m’ancre dans une histoire qui me permet de mieux comprendre mon destin : sachant d’où je viens, je peux mieux savoir où je vais.

jeudi 29 mai 2014

De Shimon Perez et du Pape : la laïcité.

Pleure, Ô ma laïcité !

Les mots d’accueil du Président israélien Shimon Perez au Pape François lors de son récent voyage en Terre sainte (« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » - en hébreu : « Baruch haba beShem Adonaï ») m’incitent à écrire ces lignes.

Je présume que si notre Président de la République accueillait un jour le Pape avec une telle salutation, cela ferait un buzz d’enfer !!!

Mais serait-ce vraiment contrevenir à la laïcité ?

La laïcité est une belle proposition de vie qui propose à l’Etat et à la religion de respecter chacun le domaine de l’autre.

La loi de 1905 dit en ses deux premiers articles :

-         la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public (art1) ;
-         la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte (art2) ;
-         pourront toutefois être inscrites auxdits budgets [de l’Etat] les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons (art2).

L’Etat se reconnaît donc comme un domaine séparé de la religion : il ne reconnaît aucune religion comme religion officielle, et donc ne salarie ni ne subventionne aucun culte. C’est un excellent équilibre.

Mais, l’Etat va plus loin qu’une simple acceptation des cultes, il en garantit le libre exercice et il assure la liberté de conscience. C’est un bel engagement, car il sous-entend que l’Etat reconnaît que la religion peut faire partie de la vie de certains citoyens, qu’ils en vivent et en ont besoin : il ne rejette pas l’idée de religion, il ne lui est pas opposé par principe. Ce n’est donc pas une laïcité de combat.

Mais de plus, il s’engage à aider les citoyens à pratiquer leur culte quand il met lui-même ses citoyens en position de ne pas pouvoir le pratiquer dans les instances de sa religion : il prend en charge les dépenses relatives à des services d'aumônerie dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. Il le fait également pour les armées puisqu’il prévoit dans son budget des postes d’aumôniers militaires (protestants, juifs, musulmans et catholiques), afin que les militaires puissent exercer leur culte quand ils sont en opérations.

Cette loi est excellente : elle sépare sans opposer, elle reconnaît sans juger, elle donne les moyens d’assumer ses responsabilités.

Du côté de l’Eglise, normalement tout devrait être dit avec cette phrase de Jésus Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Même séparation sans opposition, même reconnaissance sans jugement !

Certes, des chefs d’Etat, au cours de l’histoire, ont voulu dominer l’Eglise : c’est ce que l’on appelle le « césaro-papisme » ou tentation du pouvoir (César) d’influer sur l’Eglise (Pape).
Bon, il y a eu, en retour, des tentations de « papo-césarisme », nul n’étant parfait !

Cependant, en France, la laïcité a tendance à prendre parfois des tournures excessives, cherchant à contraindre la foi à ne se vivre qu’en privé. Rien, dans la loi, ne justifie une telle attitude.
A une époque où l’on exige que les visages soient découverts (niqab ou burka), on voudrait que la foi soit cachée !
Par ailleurs, pourquoi seule la foi religieuse devrait se cacher, et non pas les professions de foi politiques ? Pourquoi toute philosophie pourrait s’exprimer en public et pas la religion, équivalent d’une philosophie pour ceux qui veulent en exclure le côté religieux ? Pourquoi une telle intolérance vis-à-vis des idées religieuses alors que « la République assure la liberté de conscience » ?

Pour revenir à l’exemple de Shimon Perez, qu’y aurait-il donc de dangereux pour la République à ce que le Président de la République, lors de l’accueil d’un Pape, souhaite, en mots, le « bénir » (c'est-à-dire littéralement « dire du bien ») et à reconnaître qu’il « vient au nom du seigneur » (puisque c’est lui – le Pape - qui dit venir au nom du Seigneur) ?

Beaucoup, parmi ceux qui appellent de leurs vœux à la paix sociale dans notre pays, vivent cependant une laïcité de combat : il serait bon qu’ils prennent conscience de l’incohérence entre ces deux aspirations !

Ils pourraient pour cela écouter à nouveau Shimon Perez qui a dit au Pape, au cours du même voyage : « Vous construisez des ponts et des rapports entre peuples jusqu’ici ennemis » : « les citoyens israéliens sont émus de votre arrivée » qui suscite « une grande espérance pour l’avenir ».

vendredi 23 mai 2014

Budget de la Défense nationale et chefs d'état-majors

Des journalistes rapportent que les quatre chefs d’état-major (Armées, Terre, Air et Marine) font savoir que, en cas de baisse des crédits militaires, ils pourraient déposer leurs képis et leurs casquettes, ce qui ne s’est jamais vu. Que peut-on en penser ?

Pour répondre, à ma manière à cette question, je prendrai mes exemples dans la Marine nationale pour une démonstration que je souhaite claire et simple. Tout ce que je dirai est transposable à l’armée de Terre et à l’armée de l’Air.

Les armées ont 5 missions stratégiques, je n’en aborde que 3.

-         Dissuader (« La dissuasion nucléaire reste la garantie ultime de la sécurité et de l'indépendance de la France vis-à-vis de toute agression »). 4 SNLE (sous-marins nucléaires lance engins) assurent cette mission. Il est facile de convenir que c’est très peu car cette dissuasion nécessite en permanence, 24h sur 24, 365 jours sur 365, un SNLE à la mer en posture de dissuasion. Diminuer le budget de la Défense nationale pourrait revenir à supprimer cette capacité stratégique de la France.

-         Intervenir (« La capacité d'intervention garantit nos intérêts stratégiques et de sécurité, et nos responsabilités internationales »). Nos intérêts stratégiques sont divers : il peut s’agir d’assurer la protection de nos approvisionnements stratégiques tels que le pétrole, d’assurer la sécurité de nos territoires d’outre-mer, ou d’intervenir dans le monde dans le cadre de nos responsabilités internationales (la France fait partie des 5 membres permanents du Conseil des nations unies) car la France souhaite participer à la pacification et à la stabilité du monde. Pour cela nous avons 1 porte-avions (PA) : la capacité de projection rapide de la France repose très souvent sur cet outil de puissance. Diminuer le budget de la Défense pourrait revenir à supprimer cette capacité et à faire de la France un pays incapable d’influer sur le cours du monde.
Ce porte-avions a besoin de frégates de défense aérienne (FDA) pour le protéger contre une menace aérienne, par avions ou missiles. Nous avons 4 FDA, ce qui est extrêmement limité. Diminuer le budget de la Défense pourrait conduire à ne pas pouvoir assurer la protection du PA en toutes circonstances.
Les SNLE comme le PA ont besoin de frégates de lutte anti-sous-marine (FASM) pour les protéger contre la menace sous-marine. Nous avons 6 FASM. A certains moments, un SNLE a besoin de deux FASM en océan Atlantique, et le PA en a besoin au moins de deux. Comment peut-on concevoir d’avoir moins de FASM qu’aujourd’hui ?

-         Prévenir (« La prévention consiste à agir en amont des crises pour éviter leur apparition ou leur aggravation »). Cette mission s’appuie notamment sur les forces pré positionnées : nous avons ainsi 6 frégates de surveillance réparties en océan indien, océan pacifique et zone Antilles-Guyanne. Ce sont les seuls bâtiments de haute mer basés dans nos territoires d’outre-mer. Or, la France possède le deuxième territoire maritime du monde (11 millions de km² de « zone économique exclusive », ZEE) qu’il nous est impossible de surveiller avec si peu de bâtiments. Comment peut-on concevoir d’en avoir moins ?
La prévention, c’est aussi par exemple la force maritime déployée depuis plusieurs années en océan indien pour lutter contre la piraterie (force européenne Atalante, à laquelle la France participe à hauteur de 2 bâtiments et d’un avion de patrouille maritime) et dans le golfe de Guinée dans le cadre de la mission Corymbe (1 navire en permanence) pour préserver les intérêts économiques français dans cette zone, pour être prêts à évacuer les ressortissants français et européens résidant en Afrique de l'Ouest, pour soutenir les forces françaises pré positionnées et pour lutter contre la piraterie. Ces bâtiments sont pris principalement parmi les 9 avisos, les 3 BPC et les 5 frégates Lafayette.

Peut-on concevoir que l’on soit capable d’assurer ces missions et toutes les autres que je ne citerai pas précisément (surveillance maritimes des approches du territoire français, surveillance des pêches, sauvetage en mer, …) avec encore moins de bateaux ? D’autant que les bâtiments de guerre nécessitent régulièrement un entretien, ce qui fait que nous n’avons jamais tous nos navires disponibles simultanément. Et il en est de même avec l’aéronautique navale qui n’est par exemple, capable de ne fournir qu’un seul groupe aérien au porte-avions. Vraiment, le format de la Marine nationale, aujourd’hui, est au plus juste par rapport aux missions qui lui sont dévolues, il est même insuffisant. Il en est de même pour les autres armées.

Le budget de la Défense n’a cessé de diminuer depuis 60 ans, comme le montre cette courbe synthétique.


 On conçoit bien que les besoins de Défense ne soient plus les mêmes qu’au sortir de la deuxième guerre mondiale et que la part de la Défense dans le PIB national ait diminué. On voit bien, aussi, qu’après la chute du mur de Berlin, le budget a chuté de manière forte, chaque Etat européen disant qu’il fallait récolter les « dividendes de la paix ». Mais, jusqu’où est-il sensé de le diminuer ?

Pour les pacifistes de cœur, il ne sera jamais assez bas. Mais, il serait logique qu’ils cessent de fermer à clef leur maison, de mettre une alarme dans leur voiture, de cadenasser leur portail.

Pour ceux qui pensent que le monde ne sera jamais un monde de paix et qu’il est nécessaire d’avoir une force armée, ils ne peuvent que convenir qu’un minimum du PIB doive être consacré à la Défense.

Pour ceux qui savent que la France a des intérêts répartis dans le monde entier (territoires d’outre-mer et ZEE), ils peuvent convenir que le budget de Défense de la France soit bien supérieur à un pays sans intérêt territorial extérieur.

Pour ceux qui pensent que la France a des responsabilités internationales car elle fait partie du Conseil des nations unies, car elle est à la tête de la francophonie, car son histoire est mêlée à celle du monde entier et qu’elle y est attendue comme référence internationale, car elle emploie sa force armée dans le cadre d’un droit juste et international au service de la stabilité et de la paix du monde et avec une armée aguerrie, extrêmement compétente et respectueuse des droits de l’homme, pour tout cela il doit être évident que l’effort de défense de la France doit être supérieur à bien d’autres nations.

Pour ceux qui savent qu’il y a actuellement une croissance des budgets des armées en de nombreux pays au monde, pays qui ne nous seront pas nécessairement amicaux, il est évident que nous ne pouvons rester à un niveau d’effort inférieur à 2% du PIB.

La question que l’on objectera immédiatement à cette analyse est celle de la situation négative des finances publiques aujourd’hui, et de la recherche de 50 milliards d’économies. Cette objection ne tient pas car la question des finances publiques est celle de la volonté des hommes politiques, du gouvernement. Ce dernier peut, s’il le veut, attribuer 2% du PIB au budget de la Défense : il lui suffit de trouver ailleurs des économies. Comment oser dire cela ? Tout simplement car la Défense est au cœur des attributions régaliennes de l’Etat : cette position oblige !

Aussi, l’émoi des chefs d’états-majors est compréhensible. Disant cela, je ne chercherais pas à les influencer (je ne le peux d’ailleurs pas) : ils sont libres de se positionner comme ils l’estiment face à cette question budgétaire. Cette question est, en fait, bien plus que cela : c'est une question de politique générale de la France, une question qui décide de la place de la France dans le monde.