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Alors, l’Eglise et Galilée ?
Tout le
monde le sait : l’Eglise a condamné Galilée pour avoir affirmé que la
Terre tournait autour du Soleil, et non l’inverse comme on le croyait à
l’époque. Mais tout le monde ne sait pas comment cette affaire s’est passée
exactement.
Tout
d’abord, à cette époque, la plupart des grands penseurs croyaient au
géocentrisme (le Soleil tourne autour de la Terre). Donc, l’Eglise n’a pas eu
le monopole d’une difficulté à faire évoluer sa mentalité.
Néanmoins, quelques années plus tôt, c’était au pape Paul
III que Nicolas Copernic avait dédié, vers 1540, son ouvrage le plus
célèbre, "De la révolution des corps célestes", où il faisait
un excellent exposé de l’héliocentrisme (la Terre tourne autour du Soleil). Et Johannes
Keppler avait publié, dix ans avant Galilée, un ouvrage sur l’héliocentrisme,
où il développait les thèses de Copernic. Donc, Galilée n’a pas été le
découvreur de l’héliocentrisme et l’Eglise n’était pas figée unanimement dans
une fausse croyance.
Galilée aurait pu, sans courir de trop grands risques,
proposer l’héliocentrisme comme une théorie ou une méthode apte à expliquer de
manière plus simple le mouvement des planètes. Ses difficultés surgirent dès
lors qu’il cessa de le proposer comme une simple théorie scientifique et
commença à le proclamer comme vérité, bien qu’à l’époque il n’en existait
aucune preuve probante (il faut insister sur ce point particulier :
Galilée n’a pas su prouver entièrement l’héliocentrisme).
Néanmoins,
Galilée ne se serait pas attiré autant d’ennuis s’il s’était cantonné dans le
domaine scientifique. La querelle est venue du fait qu’il avait transporté
cette question dans celui de la théologie, proclamant que cette théorie était
contraire à certains passages de la Bible. L’Eglise n’apprécia pas que Galilée
se porte sur ce terrain qui n’était pas le sien, d’autant plus qu’en 1616,
année du premier procès de Galilée, l’Eglise venait tout juste de sortir de
l’épreuve de la Réforme, et que l’un des sujets de controverse avec les
protestants concernait précisément l’interprétation individuelle de la Bible[1]. Les théologiens n’étaient donc pas disposés à prendre en
compte la théorie héliocentrique fondée sur l’interprétation d’un laïc :
l’époque ne s’y prêtait pas ! Pourtant Galilée s’est entêté à porter le
débat sur le plan théologique. Il ne fait aucun doute que, s’il s’était
cantonné au domaine purement scientifique, la question ne se serait pas
enflammée au même point.
De
plus, tout au long de cette affaire, Galilée a fait plusieurs erreurs de
comportement qui ont renforcé la querelle. En voici deux exemples :
-
le
pape Urbain VIII, qui apprécie Galilée, ne veut pas qu'il fasse figurer dans
son Dialogue sur les deux grands systèmes
du monde des arguments trop peu convaincants notamment à propos de sa
théorie sur les marées, conseil dont Galilée ne tiendra pas compte ;
-
Galilée,
qui veut écraser ses adversaires, publie son dialogue en demandant
l'imprimatur, c'est-à-dire l'approbation de l'Église. Il piège Mgr Riccardi, maître du Sacré Palais, qui
avait la mission d'inspecter le dialogue. En effet, lors de l'inspection, Mgr Riccardi n'a connaissance que de la
préface et de la conclusion dans lesquelles Galilée ne dévoile pas ses vraies
intentions.
La condamnation de Galilée est immédiatement commuée par le
Pape en résidence surveillée. Le scientifique n'est donc jamais allé en prison
et continua même à percevoir les revenus de deux bénéfices ecclésiastiques que
le souverain pontife lui avait octroyé. La deuxième sanction : la
récitation des psaumes de la pénitence une fois par semaine pendant un an, sera
effectuée par sa fille religieuse carmélite.
Comme le remarque le célèbre
scientifique et philosophe, Alfred North Whitehead (1861 – 1947), à une époque
où de nombreuses « sorcières » furent soumises à la torture et au
bûcher par les protestants en Nouvelle-Angleterre, « la pire des
choses qui pouvait arriver à des hommes de science comme Galilée, était de
purger une peine honorable d’assignation à domicile assujettie d’un léger blâme ».
Le pape Benoît XIV autorisa
les ouvrages sur l’héliocentrisme dans
la première moitié du XVIIIème siècle.
L’Eglise a donc bien condamné
Galilée à tort. Mais, la condamnation a été légère (assignation à domicile, dans
un grand confort et de courte durée), et elle portait sur les conséquences
théologiques que voulaient en tirer Galilée.
N’oublions pas enfin que l’Eglise
a de très longue date été proche des scientifiques et qu’aujourd’hui encore
elle a son propre observatoire astronomique au Vatican où y exercent des
sommités scientifiques. Par exemple, le père du Bing bang est le chanoine
catholique belge Georges Lemaître.