mardi 17 novembre 2015

Des kamikazes ? Comment cela peut-il se faire ? Que faire ?


La question que beaucoup se posent à la suite des attentats du 13 novembre à Paris est la suivante : comment peut-on perpétrer de telles actions si effroyables et si barbares ?

La question que l’on se pose ensuite est celle-ci : que faut-il faire ?

1 - Comment peut-on perpétrer de telles actions si effroyables et si barbares ?

En tout jeune garçon se développe une capacité de puissance physique qui va chercher à s’exprimer : c’est inscrit dans sa nature, on peut dire que c’est une loi de la nature.

Adolescent et jeune homme, il sentira monter en lui de nombreuses pulsions de combat pour mettre en jeu cette puissance interne.

Le besoin de pouvoir et de puissance n’est pas mauvais en soi. Face aux difficultés de la vie, il faut, en effet, pouvoir avoir l’énergie de surmonter les épreuves et les dangers, qu’ils soient physiques ou moraux. Le désir de pouvoir devient mauvais quand il conduit à opprimer ou détruire.

Chez certains, ce désir de puissance restera sous un seuil acceptable pour la société et pour leur environnement : ils ont, en effet, une nature plutôt tranquille ou bien contrôlée. Alors que d’autres ont une nature plus bouillonnante : chez eux le désir de puissance et d’expression physique se montre plus nettement et assez tôt.

L’éducation familiale et la culture ont pour mission de permettre au jeune homme d’orienter positivement ce désir de puissance. On observe, en effet, qu’une personne qui a peu de capacités à s’exprimer oralement aura la tentation de s’exprimer physiquement.

On peut donc dire que les jeunes gens qui basculent dans la violence ont probablement un défaut d’éducation et de culture. Mais cela ne remet pas systématiquement en cause l’éducation de leurs parents, car les adolescents sont très perméables à tout ce qui vient de l’extérieur de leurs familles : les camarades, leur bande de copains, les jeux vidéos, les chansons, les médias, … Ils peuvent être, également, très attirés par des jeunes un peu plus âgés, des « grands frères » de mauvais aloi, qui peuvent les conduire sur des voies de violence sous couvert de lutte contre la pauvreté, l’injustice, le chômage, …

Voilà pourquoi plusieurs basculent vers des mouvements extrêmes, tels les mouvements terroristes qui vont leur permettre d’utiliser des armes à feu (le comble de la violence et de la puissance), d’exprimer toute la violence qui sourd en eux et de se battre pour une idéologie simpliste mais efficace : l’embrigadement revient à démultiplier ce sentiment de puissance au sein de bandes ou de mouvements organisés. L’enrôlement dans des mouvements puissants déchaîne alors des pulsions d’horreur inouïes et terrifiantes.

Lorsque j’étais jeune, la société était moins policée qu’aujourd’hui : un jeune homme, pour devenir un homme, se devait de fumer, boire et « baiser », mais aussi de manifester ses désaccords à mains nues. Beaucoup de problèmes se résolvaient dans des bagarres où chacun pouvait montrer sa virilité.

Mais l’on voit que notre société d’aujourd’hui, qui nous paraît plus policée, n’arrive pas à éradiquer la tentation de violence. Il faut d’ailleurs être conscient qu’elle n’y arrivera jamais car, à la base de ces mauvais comportements, il y a la capacité de tout homme à faire le bien mais aussi le mal : c’est inscrit en chacun de nous. Nous aurons donc toujours à lutter pour ne pas être des barbares et pour que nos enfants, au sens large de la société, ne deviennent pas des barbares. Le combat ne sera jamais vraiment gagné.

2 - Que faut-il faire ?

2.1 - Tout d’abord, être un homme de paix.

Cela peut paraître dérisoire au regard des enjeux internationaux, mais l’on sait que les petites rivières font de grands fleuves. Si je suis un homme de paix, même sans discours ou morale explicite, je serai une invitation à l’établissement de relations plus cordiales tout autour de moi. Savoir ne pas se mettre en colère pour un rien, ne pas dire systématiquement du mal des autres, accepter que des avis divergent, rester calme dans les conversations, ne pas s’irriter pour la moindre gêne causée par ses proches ou ses voisins, savoir discerner ce qui est bon chez l’autre, …
La paix n’est pas la résultante de textes, d’accords ou de systèmes mais la somme de personnes oeuvrant ensemble pour vivre en paix.

Or, les conflits naissent tout au long de notre vie avec ceux qui nous sont proches. C’est déjà là que se situe la première lutte pour la paix dans le monde. Avant même de parler d’Al Qaïda ou de Daesh, regardons les actualités de notre société, faites de meurtres, de saccages, de passages à tabac, de justice personnelle.  Chaque fois qu’une personne agit dans un esprit de paix, elle a un  impact positif sur son entourage, elle peut devenir exemple pour ceux qui la côtoient, elle limite la violence localement.

2.2 - Est-ce à dire qu’il faut être un pacifiste ?

Etre pacifiste est généreux et très respectable. Un vrai pacifiste est un homme de caractère, capable d’endurer de grandes épreuves sans entrer lui-même dans la lutte : Ghandi en est un exemple idéal. Mais le pacifiste doit être aussi réaliste car il ne saurait dire « Tout le monde il est gentil ».

Les pacifistes reconnaissent certainement combien il est important, lorsqu’il y a de graves incidents comme aujourd’hui, que des personnes soient préparées à nous protéger et à lutter contre les terroristes ou contre d’autres formes de forces armées.

Dans ce monde où les forces du mal ne seront jamais éradiquées, il est nécessaire qu’un Etat ait des capacités de défense armée (police, gendarmerie, armées) pour endiguer les actions visant la sécurité de l’Etat et du peuple.

2.3 - Ensuite, éradiquer Daesh.

Cette organisation s’est puissamment installée en Irak et en Syrie, tout en essaimant ailleurs (Cameroun, Afghanistan, …).

Son objectif est celui de l’extension du califat, sans limite à cette extension. Ses méthodes son guerrières et barbares, en cela qu’elle ne reconnaît pas les lois de la guerre. Sa force militaire est grande, soutenue par des finances très bien approvisionnées.

Avec ce genre d’organisation, il n’est pas envisageable de traiter ou de négocier. La lutte jusqu’au bout est donc une nécessité. Aujourd’hui deux coalitions luttent contre elle, mais avec des divergences d’objectifs encore trop grandes pour qu’elles puissent se renforcer mutuellement. Par ailleurs, tous les pays participant à ces deux coalitions ont des objectifs particuliers qui s’opposent entre eux.

Les Américains ont pour but de combattre Daesh : leurs alliés sont les rebelles syriens, le PKK (Kurdes) et la Turquie, leurs ennemis sont Daesh, le régime d’Assad et l’Iran.

Les Russes ont pour but de maintenir le régime d’Assad : leurs alliés sont le régime d’Assad, l’Iran et le PKK, leurs ennemis sont les rebelles syriens, Daesh et la Turquie.

La Turquie a pour but d’empêcher l’émergence d’un Kurdistan indépendant : leurs alliés sont les rebelles syriens, leurs ennemis sont le PKK, le régime d’Assad, Daesh, la Russie et l’Iran.

Heureusement, Daesh est l’ennemi commun de tous !! C’est le plus petit commun dénominateur !

A l’heure où j’écris ce texte, le Président de la République française vient de décider d’agir en concertation avec la Russie : voilà un grand pas fait dans le bon sens.

Quoiqu’il en soit, pour éradiquer Daesh et les mouvements terroristes au Sahel, il faut des forces armées importantes et entraînées. La France est à la limite de ses engagements possibles avec ses moyens actuels, ce qui est bien trop peu.

2.4 - Donc, « Si vis pacem, para bellum ».

Lors de la chute du mur de Berlin (1989), puis de celle de l’union soviétique (1991), beaucoup ont voulu engranger les dividendes de la paix, c'est-à-dire diminuer de manière drastique les forces armées. Cela paraissait raisonnable, mais cela aussi manquait de raison : le monde est resté dangereux. Certes, nous avons pu croire que l’Europe était dorénavant à l’abri des conflits. Mais, c’est avoir une lecture de l’histoire très étroite : les périodes de paix n’ont jamais duré des siècles, quelque soit le moment de l’histoire ou le lieu.

Certains semblent donc avoir eu pour devise : « Si vis pacem, vivi in Europam » (si tu veux la paix, vis en Europe). Ils ont oublié la sagesse latine et sa devise pourtant si connue : « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix, prépare la guerre).

Il est clair que le monde reste dangereux, que les formes de danger évolueront (aujourd’hui c’est, pour une bonne partie, Daesh) et donc qu’ils nous faudra toujours être capables de nous protéger et d’intervenir hors de nos frontières. En effet, il ne s’agit pas d’avoir seulement une posture défensive, car l’adversaire, quelqu’il soit, aura toujours l’avantage de porter son action là où il le jugera le plus favorable pour lui : aucun dispositif défensif ne peut être étanche. Il ne s’agit pas non plus d’être interventionniste, c'est-à-dire avec exagération, mais d’être capable d’aller là où le danger se manifeste pour le contrer au mieux et au plus tôt.

Or, aujourd’hui, les efforts de défense des pays de l’Union européenne sont bien trop faibles, y compris celui de la France qui est pourtant l’un des plus élevés. En 2014, il a été pris la décision de porter les dépenses de défense à 2% du PIB de chaque Etat de l’OTAN : dans l’Union européenne, seule la Grande-Bretagne est à ce niveau (2,5%). La France, qui vient juste après, n’est qu’à 1,5%, beaucoup d’Etats étant à peine à 1%.

Pour se rendre compte de la faiblesse des effectifs militaires en France, il suffit de savoir qu’il y a plus de personnel à la SNCF que de militaires de l’armée de Terre, et que l’ensemble des effectifs de l’armée de Terre pourrait tenir dans 1,5 fois le stade de France !! Est-ce vraiment sérieux ?

2.5 - Réviser certaines de nos alliances

Daesh continue à être un ennemi fort car il est soutenu, tout particulièrement financièrement, par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Or, ces trois pays sont des " alliés " des Etats-Unis et de la France !

Il importe donc de revoir nos relations avec ces trois pays, quelles qu'en soient les conséquences financières (contrats d'armement par exemple).

Il est temps de revoir nos relations avec les Etats-Unis : il nous appartient de déterminer notre politique par nous-mêmes et non de nous aligner trop systématiquement sur celles des Etats-Unis.

Enfin, il faut savoir faire preuve de plus de réalisme vis à vis de la Syrie : Daesh est vraiment notre ennemi et non Bachar El Assad ! Ce qui devrait nous faire revoir nos alliances avec la Russie et avec l'Iran.





dimanche 1 novembre 2015

Premier ministre, tweeter et boule de billard


De l’homme politique, on attend une vision élevée, du recul face aux événements, une projection à moyen ou à long terme.

Mais on sait aussi que l’homme politique, en charge du gouvernement de la France, doit agir en fonction de l’actualité quand celle-ci impacte directement l’action du gouvernement. Cette action doit s’appuyer sur sa vision à long terme, afin qu’elle ne soit pas brouillonne, voire incohérente par manque de préparation.

A l’occasion de la découverte des hausses très fortes des taxes locales, le premier ministre vient de s’exprimer en reconnaissant que les hausses d’impôts, depuis plusieurs années, ont été excessives.

Il a donc fallu une goutte d’eau (les taxes d’habitation et foncières de 2015) pour reconnaître un océan d’augmentation d’impôts. Cela marque un manque de vision et de projection : ce constat aurait dû être fait plus tôt, le gouvernement ayant tous les moyens pour cela !

Une chose qui me dérange beaucoup dans cette histoire est que le Premier ministre se soit expliqué (également) par Tweeter : « Fiscalité locale des retraités : notre engagement est simple, neutraliser l’impact d’une situation aussi brutale qu’injuste. MV ». 
Ce mode de communication ne me paraît pas digne d’une action gouvernementale : il n’est pas possible de traiter un pareil problème en 140 caractères ! On sent, derrière, l'urgence d'une intervention, la nécessité de se démarquer d'un problème social, l'impression de devoir éteindre un feu.
Je pense à l’encyclique du pape François qui parle du « drame de l’immédiateté politique ». L’homme politique réagissant instantanément à toute situation agit comme une boule de billard qui se déplace en fonction des impacts qu’elle subit : sa trajectoire est désordonnée, inintelligible et sans projet établi.

On peut comprendre l'usage de Tweeter pour aller vite et toucher du monde. Mais, c'est prendre, pour un politique, le risque de montrer que l'on s'est laissé surprendre : " Je n'ai pas vu venir cette question, me voilà, j'arrive ! ".
On peut comprendre également l'usage de ce réseau, car ce moyen de communication est censé donner une image moderne. Mais, attend-on de nos hommes politiques qu’ils agissent en vue de se donner une image ?

On les attend sur le domaine de l’efficacité en vue du bien commun.



mercredi 30 septembre 2015

Mars, l’eau, la vie ?


 Les scientifiques viennent de découvrir des traces d’eau sur la planète Mars. L’émotion est particulièrement intense parce que cette information est toujours accompagnée de cette perspective : il y a peut-être eu de la vie sur Mars, il y a peut-être de la vie sur Mars !

Cette insistance, de la part de très grands scientifiques, est vraiment étrange !

Car on sait depuis longtemps qu’il y a, à la base, cinq conditions nécessaires pour que la vie apparaisse : des conditions de température, de pression, de présence d’eau liquide, d’oxygène et de lumière.

Or, une seule condition apparaît et l’on déclare que la vie sur Mars est très probable !! Cela est bien insuffisant.

Depuis des mois, je n’ai entendu qu’une fois un scientifique dire que la présence d’eau n’est pas suffisante et qu’il y faut cinq conditions d’environnement particulières !

Mais, cela n’est pas tout. En effet, depuis Pasteur en 1961, nous savons qu’il n’y a pas de « génération spontanée », c'est-à-dire que la vie ne peut naître directement de la matière. Constatez-le autour de vous, quasiment personne ne vous croira si vous affirmez cela. J’analyse cela comme une suite logique de la certitude que Darwin avait raison, lui qui écrivait en 1971 : "La vie est apparue dans un petit étang chaud, dans lequel il y avait un riche bouillon de produits chimiques organiques, à partir desquels s'est formé le premier organisme primitif à la suite d'une longue période d'incubation durant les temps géologiques".
Mais nous savons que c’est que ces 5 conditions dites « nécessaires » ne sont pas du tout « suffisantes ».

Il faut d’abord que soit inventé et mis en place un langage avec son alphabet et son vocabulaire : c’est le langage du message génétique ADN. Son alphabet est constitué de 4 lettres  (4 molécules) qui permettent d’écrire des mots dans le vocabulaire de l’ADN. Ces mots font des phrases, en respectant la grammaire de l’ADN, et ces phrases permettent de rédiger les instructions  pour me construire physiquement, comme la couleur de mes yeux, la sorte de mes cheveux, il détermine si je suis masculin ou féminin, si j’appartiens à l’espèce humaine ou aux kangourous, tout cela est inscrit « noir sur blanc » comme dans un livre, dans le langage de l’ADN qui contient les instructions de chaque être vivant depuis sa conception.

Mais il faut également un second langage, celui  des protéines. Son alphabet est différent, il  est composé de 20 lettres : 20 sortes d’acides aminés qui jouent le rôle de lettres et qui, selon les instructions du message génétique, vont fabriquer (synthétiser) les protéines dont j’ai besoin pour vivre, car mes cellules meurent sans cesse ! Il faut les remplacer.

Si nous trouvons sur Terre ou sur Mars ces deux langages avec chacun son alphabet, ET les 5 conditions, on peut penser que la vie va pouvoir commencer spontanément ? Cependant, ces deux langages ne se comprennent pas : il leur faut un traducteur ou un dictionnaire entre les deux langages. Alors seulement vous pourrez constater un commencement de la vie. Justement, le prix Nobel de Chimie a été décerné en octobre 2009, à trois chercheurs, pour avoir travaillé sur ce sujet dont l’intitulé est vérifiable sur internet : « Comment fonctionne le traducteur entre les deux langages, celui de l’ADN et celui des protéines ? ».

Or, la matière, par elle-même, ne peut créer des langages qui nécessitent une intelligence particulière et qui ne peuvent être le fruit du hasard. Sans parler d’un Dieu créateur[1], il faut au moins « une intention » pour créer un langage : la matière n’a pas cette capacité. Il faudra donc découvrir ce qu’est cette intention ![2]

Alors, pourquoi cette persistance à évoquer avec tant de force la perspective de vie sur Mars ?






[1] Mais, sans exclure l’hypothèse d’un Dieu créateur.
[2] Ces explications sont tirées de la BD «  Les indices pensables » de Brunor. Je vous invite fortement à lire les ouvrages passionnants de Brunor : passionnants, faciles et agréable à lire et tellement instructifs !

dimanche 9 août 2015

Le pape, combien de divisions ? Mais non, combien de réconciliations !

Le Vatican a la représentation diplomatique la plus importante du monde, par des relations bilatérales avec 180 Etats. Seuls 15 Etats n’ont pas de relations diplomatiques avec le Vatican : Afghanistan, Arabie saoudite, Bhoutan, Brunei, Chine, Comores, Corée du Nord, Laos, Maldives, Mauritanie, Myanmar (Birmanie), Oman, Somalie, Tuvalu et Vietnam.

On peut se demander si, en dehors des affaires religieuses, cette puissance diplomatique a des impacts sur les affaires du monde. La réponse est positive, d’autant plus qu’elle a eu récemment des succès dans des situations internationales bloquées depuis des décennies ou, plus impressionnant encore, dans la chute de l’empire soviétique.

Le pape François et la guerilla des FARC (août 2015)

La guerilla des Farc a exprimé, le 2 août 2015, le « souhait » de rencontrer le pape François lors de sa visite prévue en septembre à Cuba, où des représentants de cette guérilla marxiste mènent des pourparlers de paix avec le gouvernement colombien depuis 2012. « Nous aimerions le faire, ce serait extraordinaire », s'est enthousiasmé le numéro 2 de la guérilla, Ivan Marquez, devant la presse à La Havane. « Nous pouvons imaginer l'impact qu'aurait un appui du pape François à l'effort collectif que fournissent tous les Colombiens pour enfin parvenir à une réconciliation après des décennies de confrontation », a-t-il ajouté.

Lors d'une tournée en Amérique du Sud plus tôt en juillet, le souverain pontife avait exprimé le voeu que le processus actuellement en cours « ne s'arrête pas », à un moment où les négociations traversaient une phase délicate après la reprise des actes de violences en avril. « Nous sommes toujours disposés à apporter notre aide, de quelque manière que ce soit. Il serait dommage que le processus de paix n'avance pas », avait-il déclaré.

Les Farc ont déclaré le 20 juillet un cessez-le-feu unilatéral, auquel le gouvernement a répondu en suspendant les bombardements des camps de la guérilla.
Le conflit armé en Colombie a fait officiellement en un demi-siècle quelque 220 000 morts et provoqué le déplacement de six millions de personnes.

Le pape François, la Bolivie et le Chili  (juillet 2015)

Depuis 1978, en raison d’un différend frontalier concernant un accès à la mer, les relations diplomatiques de la Bolivie avec le Chili sont suspendues. Or, en juillet de cette année, le Chili et la Bolivie se sont dits prêts à accepter le rétablissement de leurs relations. Le président bolivien, Evo Morales, a alors proposé à la présidente chilienne Michelle Bachelet de l’accompagner au Vatican, pour mettre en place la médiation du pape.

Pendant son voyage en Bolivie, du 8 au 10 juillet, le pape François avait abordé ce thème « de l’accès à la mer », en soulignant que le « dialogue est aujourd’hui indispensable ». Cette déclaration avait pris de court le gouvernement chilien qui comptait sur la neutralité du Saint-Siège en la matière.
Le président bolivien Evo Morales a déclaré : « Nous sommes d’accord pour rétablir les relations diplomatiques avec le Chili, pour qu’en moins de cinq ans nous résolvions le problème d’accès à la mer pour la Bolivie, une sortie souveraine sur l’océan Pacifique, avec un garant, le pape François ».

Le pape saint Jean-Paul II (à partir de 1996), le pape François et Cuba (mai 2015)

Le dimanche 10 mai 2015, le président cubain Raul Castro se trouvait au Vatican pour y rencontrer le pape François et le remercier de ses bons offices, qui ont permis le rapprochement historique en cours entre Cuba et les États-Unis.
Le Vatican et le pape François ont effet joué un rôle important dans le rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington en décembre 2014, après plus de cinquante ans de tensions.
Le Vatican avait révélé une médiation personnelle du souverain pontife, qui avait écrit aux deux chefs d'État. Les délégations des deux pays avaient également été reçues au Saint-Siège en octobre. Déjà, en 1998, Jorge Bergoglio s’était intéressé personnellement à la question cubaine, écrivant un essai intitulé "Dialogue entre Jean Paul II et Fidel Castro". Il était alors cardinal de Buenos Aires.

Après cette rencontre, Raul Castro s'est déclaré « très frappé », saluant « la modestie et la sagesse » du Pape et assurant qu'il « se rendrait à toutes ses messes quand il visiterait Cuba ». « Je lis tous les discours du Saint-Père et [....] si le pape continue à parler ainsi, un jour je recommencerai à prier et retournerai à l'Église catholique. Et je ne le dis pas pour plaisanter ».

En 1996, Fidel Castro s’était rendu au Vatican pour rencontrer Jean Paul II. Un rapprochement est amorcé et l'Église commence à s'imposer comme interlocuteur du régime communiste à partir de la visite de Jean-Paul II en janvier 1998.
La médiation entre Cuba et l'administration américaine a été un grand succès pour la diplomatie discrète du Saint-Siège. Elle a eu un fort impact sur le continent latino-américain,

Le pape saint Jean-Paul II et la chute de l’URSS

Une grande partie de la vie de celui qui a été le premier pape polonais s’est déroulée sous le joug ou face à la puissance communiste de l’URSS. A la fois combatif et plein d’amour, le futur Jean-Paul II gagne plusieurs batailles face au pouvoir, tout en gagnant aussi l’estime de plusieurs de ses adversaires. Sa règle d’or restera toujours la suivante : il veille à ne jamais humilier ses adversaires du système communiste, en leur laissant toujours la possibilité d’une issue honorable en cas de conflit. Et c’est là qu’intervient la logique efficace du pardon et de la réconciliation, si efficace pour éviter le piège de la haine vindicative.
Devenu archevêque de Cracovie, en union étroite avec la population catholique, il obtient à l’arraché la construction de la grande église de Nova Huta, dans la banlieue ouvrière de Cracovie, que les dirigeants marxistes avaient conçu et prévu comme une cité sans Dieu. Il y a fallu un long bras de fer de plusieurs années, mais sans aucune violence. C’est un combat spirituel.
En 1976, le futur Pape apporte son soutien personnel à la création du KOR, le Comité de défense des ouvriers lancé par des précurseurs laïcs du futur syndicat « Solidarité », alors jetés en prison, Adam Michnik et Jacek Kuron, anciens communistes en rupture avec le régime. Il va ainsi sceller une alliance libératrice entre l’Église de Pologne et des intellectuels laïcs issus du marxisme.
Vis-à-vis du Bloc de l’Est, Jean-Paul II a procédé le plus possible par une action apostolique directe : une pastorale de la liberté religieuse et des droits de l’homme qui en découlent nécessairement. Il a agi de plusieurs façons :
-                     soit par un contact direct avec les foules (comme dans sa Pologne natale en juin 1979 à Varsovie, juin 1983 à Cracovie et juin 1987 à Gdansk) ou par le biais de nombreux peuples occidentaux,
-                     soit par l’intermédiaire de Radio-Vatican (par exemple en direction de pèlerins tchèques et slovaques rassemblés en 1984 au sanctuaire marial populaire de Levoca, provoquant à la fois la fureur et la perplexité de la police communiste locale qui perquisitionnera ensuite, cherchant en vain des cassettes d’enregistrement là où il n’y avait qu’un poste de radio…),
-                     soit au niveau des épiscopats et clergés locaux des Églises de l’Est, sœurs de l’Église de Pologne (par exemple en redonnant courage au vieux cardinal Frantisek Tomasek, ancien prisonnier de conscience, à Prague dans les années 80 malgré des pressions policières très dures…)

Saint Jean-Paul II va globalement soutenir le clergé et les fidèles résistants contre tel élément négatif d’une hiérarchie bâillonnée, comme dans la Hongrie décapitée par la neutralisation puis la disparition de l’héroïque Cardinal Mindszenty, arrêté, torturé et victime d’un procès stalinien dès 1949.

Saint Jean-Paul II soutient le mouvement Solidarnosc, dès ses débuts, à mots à peine couverts. Face aux menaces d'intervention des forces du pacte de Varsovie, il s'adresse à Leonid Brejnev pour défendre la souveraineté de la Pologne. En janvier 1981, il reçoit chaleureusement Lech Walesa au Vatican. La résistance du pays, encadrée par l'Église et soutenue par le pape, ainsi que l'effondrement de l'économie polonaise ont ainsi fait échouer, pour la première fois à l'Est, une entreprise de normalisation communiste. Le 1er décembre 1989, celui qui est encore à la tête de l'URSS, Mikhaïl Gorbatchev, est reçu au Vatican, et l'Union soviétique disparaît dans la tourmente de la fin de l'année 1991.

Tout le monde connaît la fameuse interpellation de Staline : « Le pape, combien de divisions ? ».

Staline avait « tout faux » ! La question à poser est la suivante : « Le pape, combien de réconciliations ! ».

Oui, la diplomatie du Vatican connaît des succès étonnants car le pape est certainement la seule personnalité au monde qui fonde son action sur une culture de paix et de rapprochement des peuples, et parce que l’Eglise est « universelle », présente partout (parfois de manière cachée comme en Chine) et oeuvrant pour le bien commun de l’humanité.
En effet, seule la recherche du bien commun peut satisfaire les différents protagonistes sans conflit alors que, trop souvent, les chefs d’Etat sont mus par des intérêts nationaux, personnels, ou autres. Or, on le sait, tout intérêt en vient à un moment ou à un autre à s’opposer à d’autres intérêts et donc est générateur de conflit.




vendredi 10 juillet 2015

A quand le redressement militaire de l’Union européenne ?

L’actualité brûlante tourne autour de Daech. Mais cette organisation terroriste et barbare ne doit pas nous faire perdre de vue d’autres sujets qui seront  certainement plus importants d’ici quelques années : le principal d’entre eux, du point de vue de la nécessité des forces armées, est le réveil de la Chine.

1/ Il y a de nombreuses raisons pour que Daech ne vainque pas et n’arrive pas à son but

Au Proche-Orient, nous sommes bien en guerre contre Daech. Les actualités et la manière dont les médias les relatent laissent penser que Daech semble invincible.

Certes, les territoires conquis par Daech sont vastes, ce qui impressionne beaucoup. Il faut, cependant, noter que ce sont surtout des déserts et quelques villes. Les armées nationales n’y étaient certainement pas très bien implantées, la valeur de ces territoires n’étant que médiocre.

La stratégie de Daech est intelligente : ils ont élaboré des méthodes évolutives en fonction des terrains et des situations, ils savent faire preuve d’un grand pragmatisme et de beaucoup d’audaces. Mais, les oppositions à Daech sont nombreuses : régime de Bachar El Assad, coalition internationale, Kurdes, chiites d’Iran ou du Hezbollah.
Certes, ces forces sont dispersées, voire opposées les unes aux autres. Mais elles existent et ont des capacités importantes.
Les médias parlent beaucoup de l’inefficacité de la coalition internationale qui ne conduit que des attaques aériennes. La limite de telles attaques est, en effet, bien connue : il faut être sur le terrain pour s’opposer à un ennemi. Mais ces attaques aériennes portent des coups de boutoir réels à Daech, désorganisent par moment cette organisation et détruisent une partie de ses capacités militaires.
Le temps qui passe permet aux autres acteurs de s’organiser (telle la force militaire irakienne) et d’apprendre à s’opposer à ce genre d’ennemi nouveau : les prises de terrain par Daech ne sont pas irréversibles.
Ainsi, la coalition s’est déchaînée le samedi 4 juillet sur la ville de Raqa, dont Daech a fait sa capitale en Syrie, effectuant 18 frappes. Le but de ces frappes était de limiter la liberté de mouvement du groupe djihadiste en visant les corridors utilisés par Daech pour projeter ses combattants et du matériel militaire. Ces frappes aériennes ont détruit des infrastructures vitales contrôlées par Daech et d’importantes routes de transit en Syrie, selon le communiqué de la « Combined Joint Task Force - opération Inherent Resolve[1] » (CJTF-OIR). En tout, 16 ponts ont été détruits.
Cette pression a amené jusqu’ici le groupe djihadiste à céder plus de 5000 kilomètres carrés de territoire au cours des deux derniers mois. Les frappes aériennes visent également les installations pétrolières et gazières qui financent Daech.
Aujourd’hui, avec les Kurdes plus au nord qui ont repris Tal Abyad en Syrie, les groupes rebelles rivaux, dont le Front Al-Nosra, qui accumulent les succès et la coalition qui pilonne ses positions, le groupe armé Daech ne paraît plus invincible, même si la lutte sera encore longue.

L’impression inverse que nos sociétés en ont vient du fait que Daech sait alimenter magistralement les médias modernes : son message vient amplifier son action, dans le sens qui lui est favorable. Notre faiblesse est de nous laisser impressionner par ces messages et d’en donner un retentissement planétaire.

2/ Les attentats, une marque de faiblesse et non de force

Daech multiplie les attentats spectaculaires. Ces attentats ont une audience internationale très grande, particulièrement en France. Pourtant, les attentats sont l’arme des faibles : là où Daech commet des attentats, c’est qu’il ne peut porter de véritables attaques guerrières.

Il faut comprendre la chose suivante : nulle organisation défensive ne pourra s’opposer à toute tentative d’attentat. Le terroriste qui veut commettre un attentat va toujours choisir son lieu et son heure. Certes, certains attentats ont une valeur émotionnelle particulière (attentats contre des journalistes, contre un supermarché juif, contre des églises, …). Certes, il est évident que la protection va se porter sur des lieux symboliques où des foules affluent : la Tour Eiffel, les gares SNCF, les musées, des écoles, … Mais, n’importe quel supermarché à 18h, dans n’importe quel village, pourrait être une cible intéressante pour des terroristes et le retentissement d’un tel attentat devrait être tout aussi grand.

Notre faiblesse est double. Celle d’exiger qu’aucun attentat ne puisse être perpétré, alors que cela est impossible : nous devons accepter l’éventualité d’autres attentats sur notre sol. Celle de manifester bruyamment et médiatiquement notre « union sacrée » lorsqu’un attentat a eu lieu : il me semble que ces manifestations purement verbales et gestuelles doivent enchanter les terroristes qui y voient certainement une faiblesse psychologique de notre nation.
Je pense toujours à cette très belle déclaration de Winston Churchill : « J'aimerais dire à la Chambre, comme je l'ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement : je n'ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur. Vous me demandez, quelle est notre politique ? Je vous dirais : c'est faire la guerre sur mer, sur terre et dans les airs, de toute notre puissance et de toutes les forces que Dieu pourra nous donner. »
Lors d’un attentat terroriste, nous devrions rester calmes et discrets, ne pas manifester d’émotion publique et montrer ainsi que nous sommes vraiment un peuple au mental très fort, un peuple qui s’en remet à son gouvernement pour réagir. Le gouvernement devrait expliquer son plan d’action, et ne pas s’en tenir à des déclarations inutiles telles que : « Ces actes barbares et ignobles », « Rester calmes et ne pas faire d’amalgame », …

Parler de « guerre » sur notre territoire n’est pas cohérent. Sommes-nous vraiment en guerre chez nous lorsque nous vaquons quotidiennement à nos occupations de manière habituelle et sans prendre des mesures de temps de guerre ? Sortons-nous avec des gilets pare-balles, des engins blindés, armés jusqu’aux dents ?
Non, nous ne sommes pas en guerre. Il y a seulement des terroristes potentiels dont l’action est à traiter par des services de renseignements et de police. Eux doivent faire et font leur métier.

3/ Le réveil de la Chine

La Chine est un pays gouverné de manière dictatoriale, ce qui donne à ses gouvernants une capacité à suivre une politique dans la durée (ils ne sont pas à la merci d’une élection ou d’un mouvement populaire) et selon une stratégie, elle aussi inscrite dans la durée, qui se joue des institutions internationales.

Actuellement, la Chine mène depuis des années des actions de vive force[2] visant à faire de la mer de Chine du sud un espace de souveraineté nationale alors que plusieurs parties de cette mer sont des eaux territoriales ou des zones économiques exclusives (ZEE) d’autres Etats (Vietnam, Philippines, Malaisie, …) et qu’une autre partie est une zone de haute mer à statut international. Les ambitions de la Chine sont matérialisées sur les cartes par le « tracé en 10 traits » encore appelé, compte tenu de sa forme, « le tracé de la langue de buffle ».

La visée réelle est à plus long terme et bien plus dangereuse militairement : permettre le déploiement de ses sous-marins nucléaires lance-engins dans la Pacifique comme menace stratégique des USA et du reste du monde.

Simultanément, la Chine déploie sa stratégie dite du « collier de perles » consistant dans le rachat ou la location pour une durée limitée d'installations portuaires et aériennes échelonnées jusqu'au Soudan pour garantir la sécurité de ses voies d'approvisionnement maritimes, ainsi que sa liberté d'action commerciale et militaire. Elle a aussi pour but d'encercler  l’Inde par des ports au Sri Lanka, au Pakistan, en Birmanie et au Bangladesh.

Face à cette puissance réelle dont parlent si peu nos médias toujours fascinés par le court terme et par le sensationnel, la seule puissance capable de s’opposer à la Chine est les USA. Dans 10 ans ou 20 ans, la puissance militaire chinoise s’imposera au reste du monde.

Simultanément, l’Union européenne sera devenue un nain militaire alors qu’elle sera encore probablement l’une des cinq plus grandes puissances économiques de la planète.

4/ A quand le redressement militaire de l’Union européenne ?

Lors de la chute de l’URSS, en 1991, les nations européennes ont cru qu’elles étaient dorénavant à l’abri de toute guerre, de toute attaque. Elles ont alors décidé de « profiter des dividendes de la paix » en réduisant de manière très importante leurs budgets de défense.

Aujourd’hui, l’Union européenne est déja un nain militaire. La France seule a des capacités militaires réelles, mais très réduites[3].

Or, nul européen ne peut croire aujourd’hui à cet espace de paix éternel ! Les guerres s’enchaînent à nos portes, la Chine se déploie de manière continue et puissante. La paix au niveau mondial n’est pas pour demain, ni pour après-demain. Il appartient donc aux nations de prendre les mesures de défense qui leurs seront un jour nécessaire.

Toutes les nations européennes doivent redresser leur effort de défense au moins à hauteur de 2% de leurs PIB. Il faut prendre conscience que les budgets militaires de très nombreuses nations sont en progression très nette de plusieurs pourcents annuels, alors que ceux des Etats de l’Union européenne décroissent ou, au mieux, stagnent.
Qu’on ne s’y trompe pas, le but du redressement militaire de l’Union européenne n’est pas d’être un élément générateur de conflits dans le monde. Il doit d’abord permettre à l’Union européenne de se protéger par elle-même et de cesser de remettre cette protection entre les mains des USA (que l’on sait si facilement vilipender par ailleurs !). Il doit ensuite être capable de favoriser la pacification du monde ou de limiter les conflits : il faudra bien, face aux puissances militaires de demain, pouvoir faire valoir notre vision du monde.

Récemment, un attentat terroriste a conduit le président de la République à réduire la diminution des effectifs et du budget de la Défense. C’est un pas minuscule, bien qu’exceptionnel puisque cela fait des décennies que l’on n’a connu que des évolutions inverses.

Mais, il faut aller plus loin : il faut augmenter les effectifs des forces armées et leurs capacités militaires. Il s’agira d’un acte politique de clairvoyance qui demande du courage … mais tous les hommes politiques ne cessent, dans leurs déclarations, de nous dire qu’ils sont courageux : qu’ils le montrent !








[1] Force tactique combinée (terre – air – mer) multinationale – Opération « Volonté inébranlable locale (avec les pays locaux) » (traduction personnelle).
[2] Contrôles maritimes assurés par des navires militaires, déroutements d’avions volant au dessus de ces zones, manœuvres maritimes d’intimidation, construction d’une stèle chinoise par 22 m de profondeur sur un haut fond ne dépendant pas de ses eaux, harcèlements des compagnies pétrolières en mer de Chine du sud, ..
[3] Voir mon article du mois de juin 2014.

lundi 20 avril 2015

Faut-il que l'Education nationale joue " Les précieuses ridicules " ?

Nouveau ministre de l’Education nationale, nouvelle réforme. C’est habituel. C’est légitime …

Certes, je n’ai pas réussi à trouver le projet de texte de Najat Vallaud-Belkacem, mais le Figaro indique qu’il fait la part belle à un jargon « pédagogiste » ravivé.

Dans mon livre « Un peu de bon sens à l’école », j’ai déjà dénoncé ce pédagogisme inspiré par Jean-Jacques Rousseau et par les travaux de psychologues et de comportementalistes américains. Ces pédagogues dits « progressistes » sont partis du principe que la transmission des connaissances par le professeur n'était que la reproduction de schémas archaïques qui enfermaient l'élève. Celui-ci devait être « créateur de son savoir », et le pédagogue un « accompagnateur ». Tous, nous connaissons l’échec actuel de l’école en France.

Voici quelques exemples de ce jargon :
-         on ne parle pas d’apprendre à nager mais d’ « apprendre à se déplacer de façon autonome dans un milieu aquatique, profond et standardisé »,
-         on n’apprendra plus à courir mais à « créer de la vitesse ».

Alain Dag’Naud, agrégé d’histoire et auteurs de nombreux ouvrages, interrogé sur A2 le 22 janvier 2015, a relevé « quelques trucs sortis des programmes scolaires » :
-         pour la 6e, l’objectif, c’est de poser une question : « Quelle dévolution du pouvoir dans sa réalité et dans son discours ». Moi, je veux bien : pour des élèves de 6e, faut le faire !
-         pour la 2de : « Il faut mettre en œuvre une approche synthétique, conceptuelle et problématisée ». Comprenne qui pourra !
-         en 1: « Mettre l’accent sur la dimension heuristique des objets historiques ». Je ne sais pas de quoi il est question !

Ces terminologies pompeuses, voire absconses, nous montrent où mène l’expertise des experts patentés de l’Education nationale. Quand on a leur niveau d’expertise, il n’est pas envisageable de dire des choses simples et de bon sens, avec des mots communs.  Il faut, à l’évidence, qu’ils inventent de nouvelles idées, de nouveaux concepts pour conserver leur titre d’expert, quand bien même ces idées et ces concepts sont stupides ou manquent de bon sens.

Ce jargon ne peut être qu’une source d’inquiétude pour qui souhaite que l’Education nationale redevienne efficace et réponde à sa mission fondamentale d’instruire les élèves. Ce jargon ne peut que produire des méthodes pédagogiques désastreuses.

Il est étonnant qu’un ministre accepte encore cela, alors même que les enquêtes Pisa, depuis de nombreuses années, montrent le recul de la France en matière de scolarité.

Madame le ministre, UN PEU DE BON SENS A L’EDUCATION NATIONALE, s’il vous plaît !!!

Sinon, Molière va se retourner dans sa tombe en s'écriant : " A quoi ça sert que j'ai écrit Les précieuses ridicules ? " 





jeudi 2 avril 2015

4 écueils du projet de loi Santé de Marisol Touraine

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, vient de présenter un projet de  loi de modernisation du système de santé.
 
La Conférence des Evêques de France (CEF) attire l’attention du législateur sur plusieurs mesures proposées qui représentent une menace pour la juste compréhension de la personne humaine. Ce communiqué touche quatre points : avortement, don d'organes, "salles de shoot" et contraception des mineurs.
 
Comme il est probable que l’audience médiatique de ce texte ne soit pas très grande, je reprends ci-dessous l’essentiel des arguments de la CEF. En effet, ils peuvent nous aider à mieux réfléchir à ces questions complexes alors que les appréciations de chacun se font de plus en plus sous le coup de l’émotion et du sentiment. Et comme chacun sait, souvent, le senti … ment ! 
La suppression du délai de réflexion avant une IVG 

Pour bien des actes de la vie courante, des délais de réflexion sont préservés pour garantir une réelle liberté de choix. Supprimer le délai de réflexion pour les femmes voulant avorter revient à empêcher une réelle liberté de prise de conscience et de choix face à la vie qu’elles portent.

La suppression du délai de réflexion avant une IVG renforce une conception réduite de la dignité humaine faisant de l’enfant à naître un simple objet dont on doit disposer librement et retirant à la femme enceinte les moyens d’exercice de sa réelle liberté de conscience.

Nota personnel : il est étonnant que ce projet qui supprime un délai de réflexion se soit fondé sur une très longue période de réflexion (« Je l’ai construit dans la concertation avec les usagers et les professionnels. Deux cents débats régionaux, des échanges directs avec tous les acteurs concernés, un travail qui s’est poursuivi avec la présidente de la CAS, les cinq rapporteurs de ce texte, dont je veux saluer la mobilisation et l’engagement ces derniers mois, et de nombreux députés »). La réflexion, ça sert bien à quelque chose, non ?

L’autorisation de prélèvement d’organes 

Depuis 1994, en l’absence d’inscription d’un refus de prélèvements d’organes sur un registre national, la famille d’une personne décédée doit être interrogée par les médecins afin d’exercer le discernement nécessaire pour décider d’éventuels prélèvements. L’amendement adopté en commission des affaires sociales constitue un retour en arrière, car il considère que seule l’inscription sur le registre national qui recense les refus de don d’organe peut empêcher le prélèvement.
Cet amendement est donc une pure négation de cette ultime liberté qu’il faut laisser au défunt et à sa famille. « En réalité, n’est-ce pas plutôt considérer le corps humain après la mort comme une réserve d’organes exploitable en fonction des besoins de la société… N’est-ce donc pas une forme d’appropriation collective des corps ? » s’interroge le Père Patrick Verspieren.

Expérimentation des salles de consommation à moindre risque

La loi Santé propose aussi l’expérimentation pendant six ans des salles de consommation à moindre risque, les « salles de shoot ».
La CEF considère cette expérimentation comme une prise de risque inconsidérée car elle serait une forme de banalisation par la loi de la consommation de drogue. La loi doit poser des limites et non pas proposer des transgressions. Le risque d’émettre un mauvais signal, notamment, à destination des jeunes ne peut pas être couru ainsi.

Contraception d’urgence pour les mineurs

La phrase suivante se trouve dans le texte actuel : « Dans les établissements d'enseignement du second degré, si un médecin, une sage-femme ou un centre de planification ou d'éducation familiale n'est pas immédiatement accessible, les infirmiers peuvent, à titre exceptionnel et en application d'un protocole national déterminé par décret, dans les cas d'urgence et de détresse caractérisés, administrer aux élèves mineures et majeures une contraception d'urgence ».

Elle deviendrait : « Dans les établissements d'enseignement du second degré, les infirmiers peuvent, en application d'un protocole national déterminé par décret, dans les cas d'urgence, administrer aux élèves mineures et majeures une contraception d'urgence ».

La loi Santé en débat propose ainsi la banalisation de la contraception pour les mineurs.
Cette loi indique une conception erronée de la dignité de la personne humaine, ôtant toute responsabilité de la part des adultes vis-à-vis des jeunes mineurs confrontés aux questions affectives et sexuelles.
Il est inconcevable que la loi laisse ainsi les adolescents seuls dans l’exercice de ces premiers discernements qu’ils doivent faire sur leur corps, sur leur engagement, sur leur rapport même à la vie. Cet amendement vise encore à déconstruire un peu plus cette responsabilité que la société adulte doit exercer sur les jeunes générations, faisant miroiter à ces dernières une fausse image de la liberté faite, non pas de choix, mais d’absence de choix.