La question que beaucoup se
posent à la suite des attentats du 13 novembre à Paris est la suivante :
comment peut-on perpétrer de telles actions si effroyables et si
barbares ?
La question que l’on se pose ensuite
est celle-ci : que faut-il faire ?
1 - Comment peut-on perpétrer de telles actions si
effroyables et si barbares ?
En tout jeune garçon se développe
une capacité de puissance physique qui va chercher à s’exprimer : c’est
inscrit dans sa nature, on peut dire que c’est une loi de la nature.
Adolescent et jeune homme, il
sentira monter en lui de nombreuses pulsions de combat pour mettre en jeu cette
puissance interne.
Le besoin de pouvoir et de
puissance n’est pas mauvais en soi. Face aux difficultés de la vie, il faut, en
effet, pouvoir avoir l’énergie de surmonter les épreuves et les dangers, qu’ils
soient physiques ou moraux. Le désir de pouvoir devient mauvais quand il
conduit à opprimer ou détruire.
Chez certains, ce désir de
puissance restera sous un seuil acceptable pour la société et pour leur
environnement : ils ont, en effet, une nature plutôt tranquille ou bien
contrôlée. Alors que d’autres ont une nature plus bouillonnante : chez eux
le désir de puissance et d’expression physique se montre plus nettement et
assez tôt.
L’éducation familiale et la
culture ont pour mission de permettre au jeune homme d’orienter positivement ce
désir de puissance. On observe, en effet, qu’une personne qui a peu de
capacités à s’exprimer oralement aura la tentation de s’exprimer physiquement.
On peut donc dire que les jeunes
gens qui basculent dans la violence ont probablement un défaut d’éducation et
de culture. Mais cela ne remet pas systématiquement en cause l’éducation de
leurs parents, car les adolescents sont très perméables à tout ce qui vient de
l’extérieur de leurs familles : les camarades, leur bande de copains, les
jeux vidéos, les chansons, les médias, … Ils peuvent être, également, très
attirés par des jeunes un peu plus âgés, des « grands frères » de
mauvais aloi, qui peuvent les conduire sur des voies de violence sous couvert
de lutte contre la pauvreté, l’injustice, le chômage, …
Voilà pourquoi plusieurs
basculent vers des mouvements extrêmes, tels les mouvements terroristes qui
vont leur permettre d’utiliser des armes à feu (le comble de la violence et de
la puissance), d’exprimer toute la violence qui sourd en eux et de se battre
pour une idéologie simpliste mais efficace : l’embrigadement revient à démultiplier
ce sentiment de puissance au sein de bandes ou de mouvements organisés.
L’enrôlement dans des mouvements puissants déchaîne alors des pulsions
d’horreur inouïes et terrifiantes.
Lorsque j’étais jeune, la société
était moins policée qu’aujourd’hui : un jeune homme, pour devenir un homme,
se devait de fumer, boire et « baiser », mais aussi de manifester ses
désaccords à mains nues. Beaucoup de problèmes se résolvaient dans des bagarres
où chacun pouvait montrer sa virilité.
Mais l’on voit que notre société
d’aujourd’hui, qui nous paraît plus policée, n’arrive pas à éradiquer la
tentation de violence. Il faut d’ailleurs être conscient qu’elle n’y arrivera
jamais car, à la base de ces mauvais comportements, il y a la capacité de tout
homme à faire le bien mais aussi le mal : c’est inscrit en chacun de nous.
Nous aurons donc toujours à lutter pour ne pas être des barbares et pour que
nos enfants, au sens large de la société, ne deviennent pas des barbares. Le
combat ne sera jamais vraiment gagné.
2 - Que faut-il faire ?
2.1 - Tout d’abord, être un
homme de paix.
Cela peut paraître dérisoire au
regard des enjeux internationaux, mais l’on sait que les petites rivières font
de grands fleuves. Si je suis un homme de paix, même sans discours ou morale
explicite, je serai une invitation à l’établissement de relations plus
cordiales tout autour de moi. Savoir ne pas se mettre en colère pour un rien,
ne pas dire systématiquement du mal des autres, accepter que des avis
divergent, rester calme dans les conversations, ne pas s’irriter pour la moindre
gêne causée par ses proches ou ses voisins, savoir discerner ce qui est bon
chez l’autre, …
La paix n’est pas la résultante
de textes, d’accords ou de systèmes mais la somme de personnes oeuvrant
ensemble pour vivre en paix.
Or, les conflits naissent tout au
long de notre vie avec ceux qui nous sont proches. C’est déjà là que se situe
la première lutte pour la paix dans le monde. Avant même de parler d’Al Qaïda
ou de Daesh, regardons les actualités de notre société, faites de meurtres, de saccages,
de passages à tabac, de justice personnelle. Chaque fois qu’une personne agit dans un
esprit de paix, elle a un impact positif
sur son entourage, elle peut devenir exemple pour ceux qui la côtoient, elle
limite la violence localement.
2.2 - Est-ce à dire qu’il faut
être un pacifiste ?
Etre pacifiste est généreux et
très respectable. Un vrai pacifiste est un homme de caractère, capable
d’endurer de grandes épreuves sans entrer lui-même dans la lutte : Ghandi
en est un exemple idéal. Mais le pacifiste doit être aussi réaliste car il
ne saurait dire « Tout le monde il est gentil ».
Les pacifistes reconnaissent
certainement combien il est important, lorsqu’il y a de graves incidents comme
aujourd’hui, que des personnes soient préparées à nous protéger et à lutter
contre les terroristes ou contre d’autres formes de forces armées.
Dans ce monde où les forces du
mal ne seront jamais éradiquées, il est nécessaire qu’un Etat ait des capacités
de défense armée (police, gendarmerie, armées) pour endiguer les actions visant
la sécurité de l’Etat et du peuple.
2.3 - Ensuite, éradiquer
Daesh.
Cette organisation s’est
puissamment installée en Irak et en Syrie, tout en essaimant ailleurs
(Cameroun, Afghanistan, …).
Son objectif est celui de
l’extension du califat, sans limite à cette extension. Ses méthodes son
guerrières et barbares, en cela qu’elle ne reconnaît pas les lois de la guerre.
Sa force militaire est grande, soutenue par des finances très bien
approvisionnées.
Avec ce genre d’organisation, il
n’est pas envisageable de traiter ou de négocier. La lutte jusqu’au bout est
donc une nécessité. Aujourd’hui deux coalitions luttent contre elle, mais avec
des divergences d’objectifs encore trop grandes pour qu’elles puissent se
renforcer mutuellement. Par ailleurs, tous les pays participant à ces deux
coalitions ont des objectifs particuliers qui s’opposent entre eux.
Les Américains ont pour but de
combattre Daesh : leurs alliés sont les
rebelles syriens, le PKK (Kurdes) et la Turquie, leurs
ennemis sont Daesh, le régime d’Assad et l’Iran.
Les Russes ont pour but de
maintenir le régime d’Assad : leurs alliés
sont le régime d’Assad, l’Iran et le PKK, leurs ennemis
sont les rebelles syriens, Daesh et la Turquie.
La Turquie a pour but d’empêcher
l’émergence d’un Kurdistan indépendant : leurs alliés
sont les rebelles syriens, leurs ennemis sont le
PKK, le régime d’Assad, Daesh, la Russie et l’Iran.
Heureusement, Daesh est l’ennemi
commun de tous !! C’est le plus petit commun dénominateur !
A l’heure où j’écris ce texte, le
Président de la République française vient de décider d’agir en concertation
avec la Russie : voilà un grand pas fait dans le bon sens.
Quoiqu’il en soit, pour éradiquer
Daesh et les mouvements terroristes au Sahel, il faut des forces armées
importantes et entraînées. La France est à la limite de ses engagements
possibles avec ses moyens actuels, ce qui est bien trop peu.
2.4 - Donc, « Si vis
pacem, para bellum ».
Lors de la chute du mur de Berlin
(1989), puis de celle de l’union soviétique (1991), beaucoup ont voulu
engranger les dividendes de la paix, c'est-à-dire diminuer de manière drastique
les forces armées. Cela paraissait raisonnable, mais cela aussi manquait de
raison : le monde est resté dangereux. Certes, nous avons pu croire que
l’Europe était dorénavant à l’abri des conflits. Mais, c’est avoir une lecture
de l’histoire très étroite : les périodes de paix n’ont jamais duré des
siècles, quelque soit le moment de l’histoire ou le lieu.
Certains semblent donc avoir eu
pour devise : « Si vis pacem, vivi in Europam » (si tu veux la
paix, vis en Europe). Ils ont oublié la sagesse latine et sa devise pourtant si
connue : « Si vis pacem, para bellum » (si tu veux la paix,
prépare la guerre).
Il est clair que le monde reste
dangereux, que les formes de danger évolueront (aujourd’hui c’est, pour une
bonne partie, Daesh) et donc qu’ils nous faudra toujours être capables de nous
protéger et d’intervenir hors de nos frontières. En effet, il ne s’agit pas
d’avoir seulement une posture défensive, car l’adversaire, quelqu’il soit, aura
toujours l’avantage de porter son action là où il le jugera le plus favorable
pour lui : aucun dispositif défensif ne peut être étanche. Il ne s’agit
pas non plus d’être interventionniste, c'est-à-dire avec exagération, mais d’être
capable d’aller là où le danger se manifeste pour le contrer au mieux et au
plus tôt.
Or, aujourd’hui, les efforts de
défense des pays de l’Union européenne sont bien trop faibles, y compris celui
de la France qui est pourtant l’un des plus élevés. En 2014, il a été pris la
décision de porter les dépenses de défense à 2% du PIB de chaque Etat de l’OTAN :
dans l’Union européenne, seule la Grande-Bretagne est à ce niveau (2,5%). La
France, qui vient juste après, n’est qu’à 1,5%, beaucoup d’Etats étant à peine
à 1%.
Pour se rendre compte de la
faiblesse des effectifs militaires en France, il suffit de savoir qu’il y a
plus de personnel à la SNCF que de militaires de l’armée de Terre, et que l’ensemble
des effectifs de l’armée de Terre pourrait tenir dans 1,5 fois le stade de
France !! Est-ce vraiment sérieux ?
2.5 - Réviser certaines de nos alliances
Daesh continue à être un ennemi fort car il est soutenu, tout particulièrement financièrement, par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Or, ces trois pays sont des " alliés " des Etats-Unis et de la France !
Il importe donc de revoir nos relations avec ces trois pays, quelles qu'en soient les conséquences financières (contrats d'armement par exemple).
Il est temps de revoir nos relations avec les Etats-Unis : il nous appartient de déterminer notre politique par nous-mêmes et non de nous aligner trop systématiquement sur celles des Etats-Unis.
Enfin, il faut savoir faire preuve de plus de réalisme vis à vis de la Syrie : Daesh est vraiment notre ennemi et non Bachar El Assad ! Ce qui devrait nous faire revoir nos alliances avec la Russie et avec l'Iran.
2.5 - Réviser certaines de nos alliances
Daesh continue à être un ennemi fort car il est soutenu, tout particulièrement financièrement, par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Or, ces trois pays sont des " alliés " des Etats-Unis et de la France !
Il importe donc de revoir nos relations avec ces trois pays, quelles qu'en soient les conséquences financières (contrats d'armement par exemple).
Il est temps de revoir nos relations avec les Etats-Unis : il nous appartient de déterminer notre politique par nous-mêmes et non de nous aligner trop systématiquement sur celles des Etats-Unis.
Enfin, il faut savoir faire preuve de plus de réalisme vis à vis de la Syrie : Daesh est vraiment notre ennemi et non Bachar El Assad ! Ce qui devrait nous faire revoir nos alliances avec la Russie et avec l'Iran.