vendredi 18 mars 2016

Les médias et le cardinal Barbarin

Tout d’abord, que ce soit clair, les actes pédophiles me sont insupportables et sont inadmissibles, encore plus de la part de personnes en charges d’enfants, encore plus de la part de prêtres. C’est une douleur pour le chrétien que je suis, tout autant que pour les autres chrétiens : première et plus grande douleur pour ces enfants blessés à vie, douleur aussi pour mon Eglise dont les médias relèvent presque toujours les fautes sans relever suffisamment les beautés (et Dieu sait s’il y en a !), douleur également pour le cardinal Barbarin qui ne me semble pas devoir connaître un tel traitement médiatique dans les conditions actuelles de la connaissance des faits et avant même que la justice ait statué.

Ce billet n’a pas pour objectif de minimiser la gravité des actes de pédophilie commis par des prêtres. Non, je m’interroge seulement sur ce que j’entends à la radio concernant le cardinal Barbarin : je livre ici, seulement, la manière dont j’analyse l’action des médias.

Je prends un risque puisque l’association « La parole libérée » qui a dévoilé ces affaires, annonce qu’elle en dévoilera d’autres. Ce n’est qu’avec les éléments débattus aujourd’hui 18 mars que je rédige ce billet. Je le fais car je n’apprécie pas ce traitement médiatique et parce que je pense que beaucoup de chrétiens pensent comme moi, mais n’osent pas en parler et en souffrent donc.

Je ressens dans le traitement de ces affaires de l’acharnement médiatique à l’encontre du cardinal Barbarin et de l’Eglise. Acharnement veut dire excès et, pourquoi pas, erreur.

Tout d'abord, il faut clamer que le cardinal Barbarin n'est pas un pédophile. Le clamer car la clameur médiatique est telle que l'on pourrait finir par le croire !

L’Eglise, avec le Pape Benoît XVI, a pris à bras le corps cette question dramatique : le Pape en a eu le courage, il faut le reconnaître, même si certains estiment que ce n’est pas suffisant.

Je vais partir de ce que j’ai entendu à la radio ou à la télévision, en m’en tenant aux éléments les plus importants, tant de choses ayant été dites !

Un prêtre a commis des actes pédophiles avant 1991. Alertée par des rumeurs, sa hiérarchie l’a déplacé et, depuis, il n’a plus commis de tels actes. Si je ne me trompe pas, l’Eglise a pris la décision, depuis, que de tels  actes devaient être dénoncés à la justice et pas traités uniquement en interne. Je note également le terme de « rumeur » : ce n’est pas suffisant, à mon avis pour dénoncer une personne à la justice, mais ce devrait être suffisant pour faire une enquête interne.

Le cardinal Barbarin prend ses fonctions épiscopales à Lyon en 2002. Il aurait appris en 2007, toujours par la rumeur, l’existence des actes de ce prêtre. Après un entretien avec celui-ci, en fonction de l’absence de récidive depuis 16 ans, et faute de toute plainte d’une victime durant toutes ces années, le cardinal décida de le maintenir dans son sacerdoce. Cette décision lui est reprochée. Pour ma part, j’analyse ainsi cette attitude : il y a prescription (selon la presse) et personne n’a déposé de plainte. Est-il envisageable d'envoyer quelqu'un en justice sous ces deux conditions ? Il me semble que non, car la justice n’aurait pas d’éléments pour fonder une action contre ce prêtre.

En 2014, interrogé par une journaliste se faisant passer pour une victime, Monseigneur Barbarin lui conseilla sans détour de saisir la justice. Je me demande pourquoi les médias s’acharnent tant sur le cardinal Barbarin qui, malgré une supercherie, a montré la clarté de sa démarche et sa probité.

Il y a bien d’autres questions soulevées par ce traitement médiatique : pourquoi un tel acharnement ? Quel passif, entre les médias et l’Eglise, entre des « penseurs », des « autorités morales » ou des journalistes et l’Eglise, pourrait en être la cause ? Quel lien avec la « Manif pour tous » ? Je vous invite à lire les deux billets suivants :

-         http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2016/03/16/mgr-barbarin-cible-politique-5775404.html.

L’histoire récente nous a montré d’autres erreurs médiatiques sur ces questions. Elles ont fait souffrir énormément les personnes mises en cause.


Aujourd’hui, c’est le cardinal Barbarin qui est dans la tourmente. Compte tenu de l’analyse ci-dessus, je souhaiterais pouvoir lui dire mon soutien et ma confiance : Monseigneur, je vous soutiens dans mes prières !

PS sur l'image de l'Eglise en France.

De l'histoire de l'Eglise, dans le public et les médias, on ne retient que des périodes tristes et négatives. A croire que les chrétiens de France n'ont rien fait de bon et de beau tout au long de l'histoire de France, alors que les Français étaient essentiellement chrétiens ! 

En fait, il apparaît nettement que, pour beaucoup, la belle et merveilleuse histoire de France ne commence qu'avec la révolution de 1789. C'est une forme de parricide, non ? Tout ce que nos anciens ont fait, apporté et construit en France pendant plusieurs siècles ne peut être que mauvais car c'était un pays chrétien !

Encore faudrait-il être sûr que les références historiques et journalistiques d'aujourd'hui soient de qualité. Quand je vois les critiques péremptoires sur les croisades, sur l'Inquisition, sur les guerres de religion, je me demande si ceux qui les font en public ont bien étudié ces périodes historiques : en effet, des historiens savent montrer combien l'histoire officielle est orientée de manière anti-catholique, mais leurs voix sont étouffées car ils ne sont pas politiquement et historiquement corrects. Naturellement, cette histoire très orientée est inscrite depuis des décennies dans les manuels d'histoire : ceux qui ne font pas d'autres recherches sont donc formatés dès le collège.

Qu'il y ait eu des périodes sombres dans l'histoire de l'Eglise est évident : comme le dit le titre d'un livre, "l'Eglise [est] au risque de l'histoire", je dirais au risque des hommes. Oui, l'Eglise est faite d'hommes et de femmes identiques aux autres, se débattant avec leurs penchants bons et mauvais.

Mais qu'il y a eu et qu'il y a de belles choses dans la France avant la révolution de 1789 ! C'est au sein de l'Eglise que des hommes et des femmes ont créé les hôpitaux et les écoles, ce sont les moines qui ont su rendre fertiles de nombreuses régions, ce sont toutes les œuvres dites de charité (protection des enfants, des jeunes filles, des femmes, des pauvres, ...) : on pourrait en écrire un livre des merveilles ! 

Et aujourd'hui, si Mère Térésa, l'abbé Pierre, sœur Emmanuelle ont crevé les écrans, combien d'autres Mères Térésa, abbés Pierre et sœurs Emmanuelle sont à l'oeuvre, inconnus des médias, donc inconnus !

L'Eglise ressemble, de l'extérieur, à une vieille bâtisse, lézardée, aux peintures défraîchies, donc peu avenante. Mais, si vous la connaissiez de l'intérieur, que de beautés, que d'humanité !